Dune: Part Two est précisément le genre de spectacle à (très) grand déploiement - et totalement incarné - que le cinéma populaire espère depuis un bon moment.
Une production menée de manière aussi passionnée et clairvoyante que patiente et méthodique, se déployant à travers les bases d'un univers parfaitement défini, et des images à couper le souffle.
La première partie que nous avait proposée Denis Villeneuve, en 2021, avait la tâche ingrate de devoir mettre en place, expliquer et faire assimiler énormément de matière, ce qui pouvait parfois freiner l'ensemble dans ses propres élans.
D'autant plus que le long métrage finissait par prendre la forme d'un long préambule, lequel prenait fin au moment où l'on semblait enfin entrer dans le coeur du récit.
Mais si Dune: Part Two fonctionne à plein régime dès ses premiers instants, c'est justement parce que tout ce travail a été fait précédemment.
Il y a une aisance et une assurance qui émanent ici de chaque séquence. Villeneuve démontre une totale confiance en ses moyens, et surtout envers le spectateur, qui peut enfin se laisser guider par le souffle épique et dramatique de la proposition en ayant toutes les informations en main pour en comprendre les multiples enjeux.
Car l'approche hyper méticuleuse et parfois trop réfléchie du cinéaste québécois s'est révélée plus d'une fois une arme à double tranchant, l'empêchant de saisir complètement le portrait d'ensemble d'une situation ou d'un choix de mise en scène qu'il finissait par observer ou aborder de beaucoup trop près.
Il n'en est rien dans Dune: Part Two.
Nous retrouvons Paul Atreides (Timothée Chalamet) alors qu'il cherche à accorder son désir de se venger de l'attaque de la Maison Harkonnen contre son clan en capitalisant sur son statut de sauveur potentiel auprès du peuple Fremen.
Il y a évidemment ceux qui croient dur comme fer en la prophétie, et ceux qui sont beaucoup plus sceptiques quant à la réelle raison de l'existence de celle-ci.
En coulisses, Jessica (Rebecca Ferguson), appelée à jouer un rôle de la plus haute importance chez leurs hôtes, tente de tirer les ficelles pour accentuer l'influence de son fils.
Mais Paul demeure hésitant à aller au bout de ses visions, craignant qu'un voyage dans une certaine région de la planète Arrakis puisse avoir des conséquences catastrophiques sur un nombre incalculable de vies.
Durant ses quelque 166 minutes, cette deuxième partie tirée de l'oeuvre de Frank Herbert s'impose comme un feu roulant d'action, de réflexions politiques et mystiques, et de séquences élargissant considérablement l'univers introduit trois ans plus tôt. Dune: Part Two parvient à développer et à approfondir absolument tous les éléments mis en place par son prédécesseur, et ce, autant au niveau de la forme que des thèmes abordés.
Nous ne retrouvons pas ici le manichéisme habituellement associé à ce type de récit. La situation est infiniment plus compliquée, et demande d'être approchée comme un jeu d'échecs, la victoire ne pouvant appartenir qu'à ceux sachant le mieux anticiper les coups à venir. Mais la question demeure toujours à savoir dans quels buts.
Des dunes de sable s'étendant à perte de vue et des décors pour le moins minimalistes, Villeneuve et le directeur photo Greig Fraser tirent constamment des images qui crèvent l'écran. Surtout, le cinéaste laisse ses acteurs habiter chaque scène, en plus de miser sur une rythmique on ne peut plus soutenue au niveau des gestes, des dialogues et du montage (dans les moments d'attente comme dans les séquences d'action), qui renforce encore davantage l'impact du film dans son spectacle comme dans son dessein global.
En théorie, le tout pourrait paraître trop calculé, mais c'est précisément en battant la mesure de cette façon que Villeneuve permet à son film de respirer.
Avec Dune: Part Two, nul doute que le Québécois signe son film le plus accompli et majestueux en carrière. Une oeuvre de science-fiction mature, étoffée, captivante et superbement mise en scène comme il s'en fait de plus en plus rarement.
La première balade à dos de ver des sables est aussi marquante que nous pouvions l'espérer, et celle-ci devient rapidement une scène parmi tant d'autres qui en mettent plein la vue de par leur beauté, leur dureté et/ou leur caractère insolite.
Mais surtout, l'ensemble se déploie à travers des personnages complexes et travaillés, incarnés par une distribution de très haut calibre qui se révèle une fois de plus à la hauteur du mandat qui leur a été confié.
Timothée Chalamet tire particulièrement son épingle du jeu en navigant avec énormément d'aisance entre les deux spectres de l'essence et des intentions de son personnage, face auxquelles même le spectateur se voit continuellement tiraillé.
Évidemment, la fin du présent opus met déjà la table pour une troisième partie, dont le feu vert du studio ne peut être qu'imminent.