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Confrontation de femmes haut de gamme.
On a vraiment du mal à croire que nous sommes dans un film belge tourné à notre époque. Preuve que la reconstitution des années 60 de cette banlieue cossue de la capitale belge est particulièrement réussie. Des décors des deux maisons qui rassemblent la quasi-totalité de l’action en passant par les costumes et les accessoires, on s’y croirait vraiment et ce cachet vintage et rétro bien rendu (à la limite de l’excès tant tout cela confine au fétichisme de conservateur de musée) donne une saveur particulière et surannée à ce long-métrage. Une œuvre originale et qui dénote dans la production actuelle se plaçant constamment comme un hommage appuyé à deux figures tutélaires du cinéma américain, celle du cinéma d’Hitchcock pour le côté suspense et les femmes fatales et celle de Douglas Sirk pour le côté mélo et les images léchées.
On peut également voir « Duelles » comme un exercice de style particulièrement probant tant les références sont assumées et digérées avec goût et pertinence. Mais toute cette vitrine, peut-être un peu démonstrative, n’est pas vaine et le style et la forme sont au service de quelque chose. En effet, on est tout autant dans un thriller qui sait être prenant qu’un drame familial poignant. Le jeune réalisateur belge Olivier Masset-Depasse (découvert grâce à « Illégal », un film au style et au sujet diamétralement opposé) jongle parfaitement entre les deux, sachant nous émouvoir par le biais du drame qui se joue sous nos yeux et faire monter la tension crescendo jusqu’au final. Il y a un parfum de suspense à l’ancienne comme on fait plus, à cheval entre ceux qui sortaient à l’époque où se déroule le film et ceux à la mode dans les années 90 du style « La Main sur le berceau ». Le déroulé de l’intrigue est plutôt retors à défaut d’être renversant et l’ambiance est anxiogène au possible. Le décalage entre les belles images de cette banlieue paradisiaque et le drame qui s’y joue est confondant.
La force principale du long-métrage est de tout le temps nous faire douter de la folie supposée des deux personnages, à savoir si l’une est vraiment une psychopathe et si l’autre est folle ou pas. Durant une heure et demie qui ne souffre d’aucune longueur grâce à un montage aiguisé, on est focalisé par la relation de plus en plus vénéneuse entre Alice et Céline, à laquelle on peut ajouter les présences importantes de leurs maris respectifs. Les deux actrices, Veerle Baetens et Anne Coesens sont impeccables. La première joue parfaitement le doute et la paranoïa quand la seconde inquiète par son calme apparent et sa résignation empreinte de dolorisme. On peut juger que le scénario va trop vite en besogne dans le comportement adopté par ses personnages qui passent vite d’un sentiment à l’autre mais le mystère entourant l’intrigue et les sublimes images du réalisateur emportent le morceau jusqu’à un final surprenant de noirceur.
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suspense !
une intrigue qui nous tient assez en haleine même si nous devinons assez vite la tournure du film