Il n'y a pas beaucoup de films d'animation qui s'adressent spécifiquement aux garçons. Évidemment, on pense immédiatement à Cars et son récent dérivé Planes, mais un film sans voitures, sans pelles mécaniques et sans moteurs qui vise expressément un jeune public masculin est un phénomène assez rare. C'est donc avec une joie inespérée qu'a été accueilli How to Train Your Dragon en 2010. Oui, on y retrouvait quand même un personnage féminin fort et le dragon était suffisamment attachant pour plaire aux deux sexes, mais How to Train Your Dragon était un film de petits gars, il ne s'en cachait pas, et nous ne lui avons certainement pas reproché son audace. Sa suite s'avère dans la même ligne de pensée. Peut-être légèrement moins rafraîchissant que le premier, plus convenu, How to Train Your Dragon 2 saura certainement charmer un public souvent délaissé dans un monde où les princesses ont la cote.
Au contraire de bien des oeuvres d'animation qui déploient des efforts substantiels pour séduire autant les parents que leurs progénitures, How To Train Your Dragons 2 parle un langage d'enfant. Il livre des messages de coopération, de confiance et de courage, et met en scène des valeurs d'amitié et d'abnégation que l'enfant comprend et auxquelles il adhère. Le film s'intéresse aussi beaucoup à la question identitaire. Le personnage se demande s'il doit être comme son père ou comme sa mère, s'il a le droit de s'affirmer comme individu et, si oui, comment faire pour découvrir sa voie. Une problématique intéressante qui sert de squelette et de guide à la trame narrative.
Comme le premier opus de la franchise, la qualité de l'animation est grandiose. Les cheveux, les ongles, les écailles des dragons, les détails des costumes, tout a été réfléchi et léché pour un résultat optimal. Encore une fois, par contre, le 3D vient gâcher certaines scènes à cause de l'obscurcissement qu'il provoque à l'écran. Comme plusieurs séquences se déroulent dans des grottes ou dans des lieux sombres, la technologie stéréoscopique atténue la limpidité de certaines images et leur finesse.
Malgré toutes ses bonnes intentions et ses aptitudes visuelles impressionnantes, le film de Dean DeBlois n'est pas sans faille. Le long métrage comprend certaines longueurs et s'attarde sur des aspects - sentimentaux principalement - plus accessoires qui ralentissent l'ensemble de l'action. On pourrait aussi mentionner qu'on verse facilement dans le mélodrame, mais comme on s'adresse aux enfants, ces derniers ne seront probablement guère incommodés par les grands discours d'un enfant abandonné, d'une mère retrouvée et d'un père rédempteur comme le seront les adultes qui en ont soupé de ces drames domestiques. Il faut aussi préciser que quelques passages se révèlent plutôt effrayants. Les masques que portent divers personnages et le gigantisme de quelques dragons pourraient apeurer certains mini-cinéphiles plus impressionnables.
Encore une fois, la vraie vedette de ce film n'est pas le jeune viking Harold, futur chef de clan et jeune adulte impétueux, mais bien Krokmou, la, maintenant célèbre, Furie nocturne, qui a des comportements de chien. Petits et grands, en s'éclipsant des salles sombres en 2010, voulaient adopter une Furie nocturne et voler sur son dos comme le faisait le protagoniste. Ces désirs rocambolesques ne se sont pas amenuisés dans ce second chapitre, qui présente encore la furie d'Harold comme d'un compagnon exceptionnel. Même si je suis bien loin d'être le public-cible de How to Train Your Dragon 2 reste que je clame encore haut et fort mes rêves utopiques d'un jour avoir mon dragon de compagnie.