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Émouvant.
Émouvant.
Le sens d'une vie
Sans avoir la force dramatique de Parle avec elle ou Tout sur ma mère, cet opus d'Almodovar nous touche par sa sincérité et sa mélancolie. Antonio Banderas est émouvant en alter-ego du réalisateur
Miroir artistique et mise en abyme.
Le cinéaste espagnol à la patte inimitable et reconnaissable entre toutes nous livre certainement ici son œuvre la plus personnelle, la plus intime, bien qu’il ait par le passé saupoudré quasiment chacun de ses films de sa propre vie et mis beaucoup de lui dans la plupart d’entre eux (« La mauvaise éducation » en tête). On n’en est pas sûrs mais « Douleur et gloire » semble être en grande partie autobiographique connaissant les obsessions, fantasmes et goûts du cinéaste hispanique. Et l’affiche ne peut que le confirmer avec l’ombre du cinéaste derrière le profil d’Antonio Banderas. Est-ce pour autant une œuvre égocentrique ou nombriliste voire suffisante ? Peut-être un peu, il n’en demeure pas moins qu’elle sait capter l’attention et son film et ce qu’il raconte semble pourtant universel par bien des aspects. En effet, Almodovar sait comme personne rendre intéressante des histoires personnelles à priori peu passionnantes pour qui ne les a pas vécues. Il mêle ses douleurs et ses gloires, le passé et le présent, les fantasmes et la réalité ou encore a mise en abyme et l’autofiction dans un style toujours aussi fluide et plaisant qui alterne séquences dans l’enfance et séquences de la vie d’adulte. « Douleur et gloire » évoque davantage les souvenirs et la mémoire que les deux mots présents dans le titre, ceux-ci agissant plutôt comme des catalyseurs de ces fragments de vie. On peut trouver le film parfois un peu long et il est peut-être difficile d’y rentrer mais une fois que c’est fait, si on se laisse envoûter, c’est un plaisir aussi bien pour les yeux que pour l’esprit ou la rêverie. Et il est vrai que la seconde partie est bien plus captivante notamment au détour de deux scènes renversantes et fortes en émotions en tous genres. Celles-ci sont celle où l’alter ego du cinéaste retrouve son amant de jeunesse et l’autre se situe dans le passé lors des premiers émois et des premiers désirs. Cette dernière séquence est un moment clé auquel le dernier plan, surprenant, donne une toute autre saveur. Ce sont des moments qui nous touchent en plein cœur, entre amour et sensations qui flirtent avec l’éternel. Les couleurs chatoyantes de ces premiers films et d’une grande majorité de sa filmographie se font plus ternes et l’interprétation de ses acteurs est plus sage et moins exubérante, plus intériorisée. Antonio Banderas est d’ailleurs royal dans un rôle pas facile avec une composition qui évite tout mimétisme vain et ne singe pas son modèle. Son prix à Cannes est amplement mérité. Les thèmes évoqués étant plus personnels, la tonalité se fait bien plus tragique que comique pour l’un des films les moins souriants d’Almodovar. « Douleur et gloire » agit comme une Madeleine de Proust lorsqu’il convoque son enfance quand bien même on n’a pas vécu ses souvenirs là. Le réalisateur ne se renouvelle pas forcément mais sait parler aux spectateurs d’une manière que ses inconditionnels aimeront et qui fera qu’ils rentreront dans le film comme dans des chaussons mais qui pourrait rebuter les autres. Peut-être un film mineur dans ses ambitions mais pas dans les intentions, qui agit comme une psychanalyse comme peut souvent le faire Woody Allen avec ses névroses au sein de ses films.
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