Il n'y a aucun sujet à l'épreuve d'Adam McKay. Après avoir utilisé un humour féroce pour traiter de thèmes aussi «sexy» que le capitalisme sauvage (The Big Short) et le politicien Dick Cheney (Vice), il récidive avec Don't Look Up, prouvant que le rire est parfois le seul salut devant l'apocalypse.
Le cinéaste et scénariste américain pousse cette fois la satire à son paroxysme, tentant même de faire écho au chef-d'oeuvre Dr. Strangelove de Stanley Kubrick. L'Armageddon cogne à la porte par l'entremise d'une comète (une métaphore qui aurait très bien pu s'appliquer au réchauffement de la planète ou au coronavirus) et personne ne semble s'en préoccuper outre mesure. La science est impuissante, le gouvernement cherche à exploiter la situation, les médias ne pensent qu'au spectacle et le grand public, lui, est convaincu qu'il s'agit d'une fausse nouvelle!
En prenant le pouls du climat - social, politique, environnemental - en place, le long métrage sonne juste. Impossible de ne pas penser au monde d'aujourd'hui et à cette humanité qui va droit dans le mur. La farce jouissive est parsemée de gags délicieux, défendue par une distribution cinq étoiles à rendre jaloux Wes Anderson. Entre Leonardo DiCaprio, Jennifer Lawrence, Meryl Streep, Jonah Hill, Mark Rylance, Cate Blanchett, Tyler Perry, Ron Perlman et la chanteuse Ariana Grande, tout le monde s'amuse beaucoup et joue dans le ton, possédant leur petit moment de gloire pour se faire valoir.
L'impact de la création se dissipe toutefois assez rapidement. Peut-être est-ce la faute de la qualité générale des situations, très inégales, ou la construction du récit, qui s'apparente à une succession de sketches éparpillés. Ce qui aurait dû être hilarant fait seulement sourire (ce qui est déjà pas mal) et plusieurs excellentes idées du script sont traitées en surface, dans la facilité/simplicité la plus totale. Déjà trop long, le film se perd dans des détours inutiles, des élans sentimentaux à deux cennes et des séances d'improvisations qui auraient dû être mieux contrôlées.
Les ruptures de ton finissent également par peser lourd dans la balance. L'humour mène tellement le bal que le transfert vers le drame s'avère plus ou moins opérant. La saute d'humeur de DiCaprio (en mode Network) ne laisse pas indifférent, tout comme la finale suffisamment manipulatrice. Sauf que dans l'ensemble, la bouffonnerie et le désir d'émotions ne font pas toujours bon ménage. Un faux pas que n'arrive pas à pallier la mise en scène quelque peu artificielle, qui cherche à être alerte en créant de l'urgence, mais qui finit trop souvent par ressembler à un épisode de luxe de la série Veep.
Brûlant d'actualité avec ses messages essentiels, Don't Look Up ne manque pas de numéros amusants et de moments mordants. Il ne faut seulement pas s'attendre à autre chose qu'un simple divertissement vite consommé et oublié, qui troque la profondeur pour l'efficacité. Il y avait pourtant matière à tellement plus.