Pas beaucoup plus crédible que les films de la série Histoires vraies, présentés le dimanche après-midi à la télévision. Le style sonne tout aussi faux, d'ailleurs.
Tout ce qu'il y a d'impressionnant dans ce nouveau film de Tony Scott, c'est probablement le désordre incroyable dans lequel il se perd. Parce qu'il est vraiment, complètement, totalement perdu, et c'est déstabilisant. Il tire partout sans jamais rien atteindre, il fracasse les couleurs pour se donner un style, certes, mais cela n'assure pas la substance, et encore moins la crédibilité. Et il y a ce « prétexte » de biographie « inspirée d'une histoire vraie » qui perd vite toute signification. On a plutôt l'impression que Domino est un immense délire épileptique, et Scott invite le public dans son délire. Reste à voir s'il accrochera, mais rien n'est mois sûr.
Il ne reste à Domino que ses acteurs pour séduire, et son action « explosive ». Bon, disons que de l'action, il y en a. Elle devient vite redondante, même si elle est présentée efficacement par le réalisateur, très expérimenté, de Top Gun, True Romance et Man on Fire. Explosive, elle l'est aussi; tout explose partout, tout le temps. Pas beaucoup de répit, ce qui plaira probablement aux amateurs d'action virile.
Sinon, les acteurs offrent apparemment tout ce qu'ils ont. Seuls les acteurs principaux sont convaincants, en fait, parce que les rôles secondaires de Christopher Walken et de Lucy Liu tombent sans vergogne dans la caricature et la simplicité volontaire. Sinon, il y a bien Keira Knightley, dont on exploite beaucoup plus la féminité que le talent, même si on sait qu'il est là, caché sous…sous très peu de vêtement, mais caché quand même. Edgar Ramirez et Mickey Rourke y vont de leur plus bel effort de charisme, dans deux rôles qui s'intègrent bien, tout en demeurant plutôt effacés.
Domino Harvey, fille de l'acteur Laurence Harvey, est le centre d'intérêt de ce film d'action biographique. Sa vie de chasseuse de prime, avec ses deux collègues Choco et Ed, entre Los Angeles et Las Vegas. Entre son enfance troublée et sa jeunesse rebelle, ses mésaventures avec la mafia ou son expérience de téléréalité, Domino passe par le traitement impitoyable du réalisateur qui utilise le montage pour, encore une fois, donner un style à son film. Sauf que, encore une fois aussi, ça n'achète pas la substance, et le film tombe dans un certain marasme alors que les aventures de nos chasseurs de primes favoris tombent dans la répétition inutile. Domino est plus une illusion qu'un film, et n'est certainement pas une biographie.
Le montage, à la fois visuel et sonore, s'amuse à répéter des phrases, à opposer des images pour créer un certain dynamisme au récit. Excepté certains gros plans qui s'intègrent bien, l'ensemble est plus souvent excessif qu'électrisant. On pourrait parler d'audace, si tout ça avait une autre justification que de seulement « faire différent ».
Domino est une illusion saturée, un délire de mescaline qui s'adapte bien mal au cinéma. On s'imagine que la vie de Domino Harvey s'adapte aussi bien mal au cinéma. Sauf qu'on ne le saura jamais, parce que son film se préoccupe bien peu d'elle. Un immense vidéoclip qui voudrait tellement être moderne et jeune, sans l'être dans son essence. Ce scénario déjanté, ce montage ultra-rapide, les ralentis, les noir & blanc, la narration cynique, la violence extrême, tout dans le film veut être jeune et à la mode. C'est sans doute pour ça qu'il ressort de Domino une impression d'énorme mensonge …« si on veut ».
Pas beaucoup plus crédible que les films de la série Histoires vraies, présentés le dimanche après-midi à la télévision. Le style sonne tout aussi faux, d'ailleurs.
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