« Bienvenue au club» chantait Kent sur son meilleur album en carrière. Des clubs au cinéma, il y en a eu plusieurs, des plus sensibles (Dallas Buyers Club, Tristesse Club) aux plus inquiétants (Suicide Club, El Club), en passant par la référence absolue qu'est Fight Club. Sauf qu'au lieu de se faire souffrir physiquement afin de palper une certaine quiétude comme dans le classique de David Fincher, Divorce Club propose plutôt de se faire du bien en multipliant les fêtes et les aventures sans conséquence.
Il est toujours surprenant de voir débarquer en 2020 un film aussi régressif, où des hommes-enfants dans la quarantaine qui vivent sans lendemain ni responsabilité traitent des filles n'importe comment. Lorsque le mâle est dans la place, avec son alcool et sa drogue, tout lui est dû. Une vision dégradante qui fait sourciller, surtout qu'on y retrouve une allusion déplaisante à Harvey Weinstein...
Sans doute que Michaël Youn peut tout se permettre. Cette ancienne star de la télévision est devenue une figure omniprésente du cinéma français, développant un humour peu éloquent. Même s'il n'a pratiquement jamais joué dans un long métrage concluant (le dernier à avoir été présenté au Québec est le consternant Rendez-vous chez les Malawas), les rôles ne dérougissent pas. Cela ne l'empêche pas de réaliser à l'occasion, avec des résultats navrants (Vive la France) ou carrément gênants (le navet Fatal Bazooka avec Stéphane Rousseau, c'était de lui).
Ce troisième passage derrière la caméra a le mérite d'être le moins mauvais du lot, le plus satisfaisant techniquement. Visuellement, le long métrage est clinquant et coloré, tenant la route avec son rythme énergique et ses efforts de mise en scène qui tentent de faire oublier la vacuité du récit, son immense prévisibilité. Car cette histoire d'homme trompé et rejeté qui doit apprendre les rudiments du lâcher-prise, de l'amitié, du pardon, de l'engagement et de la confiance souffre d'un traitement lourdingue.
Il y a pas moins de cinq scénaristes qui tirent chacun l'effort de leur côté, finissant par réduire l'exercice à une succession de sketches. Quelques-uns font sourire, que ce soit l'apport irrésistible de Frédérique Bel ou ces va-et-vient alcoolisés entre deux rendez-vous qui semblent tout droit sorti de Mrs. Doubtfire. La plupart s'avèrent malheureusement inégaux, répétitifs et lassants, abusant des sous-entendus sexuels. The Hangover et ses animaux désopilants ont eu un tel impact sur la culture populaire qu'on s'est senti obligé de rajouter ici un lémurien psychopathe.
Même lorsqu'il semble se calmer afin d'explorer enfin les zones grises de ses personnages, le style disjoncté de Youn finit par refaire surface et prendre le dessus. C'est le cas des dialogues et des situations, mais aussi de l'interprétation caricaturale qui ne fait pas dans la demi-mesure. Outre Arnaud Ducret, assez juste en pauvre hère dépassé par les événements (dans une production américaine, cela aurait été Will Ferrell), les autres acteurs rivalisent de mimiques cacophoniques. Le plus insupportable demeure étrangement François-Xavier Demaison, généralement capable de grandes choses, qui en fait des tonnes en meilleur ami du protagoniste.
Tonique et ludique pour les uns, embarrassant et rétrograde pour les autres, l'essence de Divorce Club apparaît dès son introduction, alors que le héros apprend publiquement que son épouse le trompe avec son patron. Ce dernier est incarné par le suave Benjamin Biolay, chanteur génial et acteur savoureux, dont la seule présence fait écho à Chambre 212, autre comédie sur un couple qui vole en éclat et les tentations du célibat. Mais là où l'opus magique de Christophe Honoré privilégie pertinence et intelligence, celui de Youn y préfère l'absurdité chronique et superficielle, faisant passer ses gags avant le reste. L'été rime généralement avec légèreté, mais il y a tout de même des limites.