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Sublime amour interdit.
Pour un premier film c’est un joli coup de maître que cette belle histoire d’amour hors des conventions que nous propose Filippo Meneghetti. « Deux » (titre efficace, simple et à propos) est une œuvre aussi pudique et réussie que la manière dont on l’a titré. Le cinéaste italien nous convie à suivre deux dames sexagénaires dont l’amour hors des conventions est secret et va se retrouver mis à rude épreuve suite à l’accident cardiaque de l’une d’entre elles et la pression de ses proches. Le film démarre comme une magnifique histoire sentimentale pour se tourner ensuite vers le drame et même s’aventurer dans le suspense. Mais c’est l’amour avec un grand A qui prévaut durant tout ce film. Et si parfois le mélange des genres est quelque peu brutal voire imprévisible, perturbant et négocié de manière abrupte, cette notion d’amour plus fort que tout prédomine et enrobe le tout avec naturel et force.
« Deux » développe ainsi un sujet rare, beau et peu commun et le fait de manière imprévisible mais toujours juste. Entre délicatesse et âpreté (on pense de loin à la Palme d’or, « Amour », de Michaël Haneke), le film nous emporte toujours dans son sillon, galvanisé par l’amour inconditionnel que se porte ces deux femmes. Meneghetti marche sur des œufs mais ne les brise jamais. Son long-métrage n’est jamais voyeuriste ni indécent, il est fort et toujours touchant. On est totalement pris par le désir de revoir l’être aimé et la peur de la séparation vécus par Nina, formidablement incarnée par l’actrice allemande Barbara Sukowa, mais aussi empathique face à l’incompréhension de la fille de Mado joué par une Léa Drucker toujours aussi douée. On ne cesse de la redécouvrir depuis le chef-d’œuvre « Jusqu’à la garde ».
On doit aussi saluer la mise en scène au cordeau du jeune cinéaste qui sait allier précision du cadre, plans étouffants et travaillés et une tension sourde lors de certaines scènes. On a les larmes aux yeux à plusieurs reprises lorsque les deux amoureuses se retrouvent. Par de simples gestes ou un regard qui en dit long (Martine Chevallier toute aussi bonne dans un rôle pas facile), on est plongé dans cet amour qui veut être vécu au grand jour. Si parfois tout cela est un peu sombre et austère et aurait demandé un peu plus de lumière, c’est en accord avec la situation vécue par les protagonistes. « Deux » est une formidable leçon d’amour, peu importe l’âge et le sexe, et un coup de maître pour son metteur en scène. Un très beau film à la fois doux comme une caresse et violent comme une gifle.
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