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Tatie Danielle version Leigh!
L’un des cinéastes britanniques les plus illustres et reconnus, aux côtés d’un Ken Loach ou d’un James Ivory, revient à un cinéma plus contemporain avec ce « Hard Truths » après quelques écarts pas vraiment convaincants vers le cinéna d’époque. Le réalisateur octogénaire de l’oscarisé « Secrets et mensonges » mais aussi des sublimes « Vera Drake » ou « All or nothing », reconnu pour ses peintures sociales très justes, nous livre ici le portrait d’une sororité composée de deux sœurs aux antipodes l’une de l’autre. Après une longue pause, Mike Leigh n’a rien perdu de son talent pour diriger les acteurs et offrir des chroniques emplies de justesse. Cependant, pour la première fois peut-être, on est face à un drôle de sentiment avec ce nouveau long-métrage. Bien filmé, conforme à son cinéma et bien interprété, il souffre cependant d’une impression étrange : celle que le portrait du personnage principal est bien trop chargé, presque poussif, voire invraisemblable par moments même.
On s’explique. Marianne Jean-Baptiste se glisse dans le rôle principal, celui d’une femme dépressive, aigrie, jalouse et négative. Un personnage – disons-le – totalement misanthrope qui crache son venin dès qu’elle le peut sur tout et sur tous, sa famille y compris. Elle est mise en perspective avec sa sœur, joyeuse, lumineuse et positive bien que toutes les deux aient été impactés par le décès de leur mère quelques années auparavant. Et la comédienne aguerrie joue cette Pansy, femme déplaisante et malheureuse, à la perfection. De manière nuancée et jamais grotesque même, alors que l’écriture du personnage est vraiment intense. Mais le problème est qu’on a du mal à croire à ce personnage nihiliste. Même la Tatie Danielle du film éponyme d’Étienne Chatilliez semblerait plus aimable, c’est pour dire. Sa méchanceté automatique et gratuite est tellement extrême et poussée qu’on se demande quand même si un tel personnage est crédible. Et c’est là que certains, dont nous, pourrions décrocher car cela rend le film moins réaliste. Pire, certaines séquences seraient même presque drôles tellement la barque est lourde (les séquences chez les patriciens de santé sont sacrément corsées). Mais, encore une fois, Jean-Baptiste parvient à la rendre humaine par instants, notamment lors de la séquence centrale du repas de Fête des mères.
Si encore, le script de Mike Leigh nous offrait de véritables clés de compréhension pour comprendre cette haine et cette détestation du monde et des gens. Mais « Hard Truths » reste assez stoïque et muet sur les causes des ressentiments. Tout au plus on a quelques indices mais même la fin demeure opaque et sans pénitence pour le personnage. On pourra même trouver que dans les détails formels, c’est quelque peu exagéré avec, par exemple, la maison de Pansy qui est froide, sans âme, moderne et parfaitement nettoyée tandis que celle de sa sœur est solaire, pleine de fleurs et de vie. Alors comme en plus le personnage est maniaque et hypocondriaque, on verserait presque dans la caricature. Pourtant, on prend plaisir à suivre le film grâce aux acteurs ainsi que des situations et dialogues bien écrits et il y a même un peu d’émotion qui vient se mettre en place sur la fin. Mais il est presque certain que si l’écriture de ce personnage avait été plus tempérée le long-métrage aurait clairement gagné en force, réalisme et puissance émotionnelle.
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