Le cinéma prend souvent un malin plaisir à camper dans la réalité et à ancrer dans l'immuable la vie de personnages qui ont déjà existé mais dont les véritables motivations demeurent mystérieuses. Même si le règne d'Henry VIII est aujourd'hui légendaire, plusieurs détails sur ses maîtresses sont toujours inconnus, même si ses difficultés à enfanter un héritier mâle sont de notoriété publique. Mais The Other Boleyn Girl ne s'en formalise pas et propose une histoire très classique de jalousie entre soeurs, sans prendre la voie du pamphlet politique. Pas nécessairement une mauvaise décision, pour peu qu'on mette un peu de sérieux dans l'achèvement de ce projet simplement divertissant.
Mary, nouvellement mariée, et sa soeur Anne Boleyn sont toutes les deux envoyées à la cour du roi d'Angleterre par leur père afin de servir de divertissement au roi Henry VIII. Face à l'incapacité de sa femme de lui donner un héritier mâle, Henry choisit Mary, qui tombe rapidement enceinte. Mais la jalousie de Anne est grande et, au retour d'un séjour de deux mois en France, elle forcera le roi à tout abandonner pour elle, incluant sa foi catholique.
Natalie Portman et Scarlett Johansson sont les deux seuls joyaux de cette production maladroite. Si l'expression de nos jours est galvaudée, The Other Boleyn Girl est un vrai « premier film » et en a toutes les caractéristiques : une réalisation académique et balourde qui ne rend pas justice à l'histoire ou aux interprètes. Justin Chadwick multiplie les establishing shots et ne cesse de déplacer sa caméra, ce qui donne une espèce de groove complètement farfelu aux élucubrations des deux soeurs et qui devient vite agaçant. Le montage trop rapide vient aussi tout gâcher de l'aspect « grandiose » d'un voyage dans le temps à la cour d'Angleterre, avec ses fastes banquets et ses costumes magnifiques.
Les deux actrices principales se tirent étonnamment bien d'affaire à travers toutes ces fioritures visuelles; si Portman est plus énergique, Johansson est d'une efficacité, d'une simplicité et d'une beauté parfaites pour ce rôle moins flamboyant certes, mais pas moins exigeant. Elles ont toutes les deux à se signaler à plusieurs reprises dans des scènes chargées d'émotion qui, sans la caméra versatile de Chadwick, auraient été d'une grande efficacité. Elles partagent à l'écran tout le danger qu'impose leur statut; pour peu qu'on connaisse la réputation d'Henry VIII avec les femmes.
Eric Bana a l'impressionnante prestance nécessaire pour incarner le roi Henry VIII - un Don Juan, au bas mot - et est lui aussi toujours crédible à travers ses nombreux maelströms intérieurs.
The Other Boleyn Girl est un film trop classique auquel il manque un peu de modernité. Plus de sensualité n'aurait pas nui - on avait pourtant tout ce qu'il faut sous la main - et une réalisation moins académique, et surtout plus grandiose, aurait pu rendre les manigances et autres manipulations des deux soeurs Boleyn bien plus intéressantes. On avait toutes les matières premières à sa disposition : des acteurs et actrices talentueux, une histoire forte en rebondissements, une reconstitution d'époque crédible, il ne manque qu'un peu de finition.
The Other Boleyn Girl est un film trop classique auquel il manque un peu de modernité. Plus de sensualité n'aurait pas nui – on avait pourtant tout ce qu'il faut sous la main – et une réalisation moins académique, et surtout plus grandiose, aurait pu rendre les manigances et autres manipulations des deux sœurs Boleyn bien plus intéressantes. On avait toutes les matières premières à sa disposition : des acteurs et actrices talentueux, une histoire forte en rebondissements, une reconstitution d'époque crédible, il ne manque qu'un peu de finition.