Si, à une certaine époque déjà lointaine, le cliché voulait que les films français soient tous des énergumènes très bavards où les infidélités et les injures pleuvent, il faut avouer que ce qu'on a si gentiment accueilli sur les écrans québécois ces dernières semaines provenant de l'Hexagone a bien fait mentir cet axiome. Du clinquant 99 F à l'excessif Astérix aux Jeux Olympiques, du meilleur au pire, ils se font bien rares les films français qui laissent encore toute la place aux dialogues savants et aux personnages intelligents. Il y a bien eu Un baiser s'il vous plaît, délicieux énergumène qui confirme la règle, mais à moins qu'on parle de Jean Becker, on a rarement droit à autant de pertinence.
Antoine a 42 ans et tout ce qu'il peut désirer : une femme aimante, un emploi bien payé, deux enfants magnifiques... Puis, un jour, comme ça, sans raison particulière, il plaque tout. Il insulte ses amis, quitte sa femme et ses enfants et part vers le Nord. Que va-t-il donc y faire?
D'abord porté par l'excellente performance d'Albert Dupontel, Deux jours à tuer se met en quête du vrai. L'esthétique réaliste n'est qu'une formalité dans le cinéma actuel, or, ce nouveau film du réalisateur de Dialogue avec mon jardinier va plus loin, à la poursuite d'un peu de franchise dans les relations interpersonnelles. Antoine est capable de dire les pires cruautés sans broncher comme de démontrer beaucoup de compassion, comme s'il allait de soi d'être honnête, tout simplement. Les ego froissés iront voir ailleurs, et l'extrême dévouement de Dupontel à ce rôle parfois ingrat est plus que convaincant.
Bien sûr, quelques moments se font plutôt moralisateurs et n'ont pas la retenue des discussions les plus inspirées et inspirantes de Deux jours à tuer, tout particulièrement avec un auto-stoppeur anecdotique. Cela était attendu, et ce n'est pas très grave d'autant que Antoine réserve encore certains de ses plus beaux moments.
Il n'en demeure pas moins que jamais Becker ne se permet pas de compromis; on sent bien la soif d'honnêteté qui stimule son cheminement artistique. En plus des vérités qu'Antoine prend un malin plaisir (partagé d'ailleurs) à lancer au visage de ses invités et de ses enfants, la finale se règle sans relâchement, avec la même exactitude et la même simplicité dans le montage et les sentiments. On ne sera jamais suffisamment reconnaissant pour autant de vérités bonnes à dire, bien dites, bien faites et bien présentées par des acteurs vrais et dévoués.
On ne sera jamais suffisamment reconnaissant pour autant de vérités bonnes à dire, bien dites, bien faites et bien présentées par des acteurs vrais et dévoués.
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