Dans le cadre d'une expérience TRÈS scientifique, nous avons exposé les yeux, les oreilles et l'esprit de deux garçons âgés respectivement de sept et neuf ans à Détestable moi 4, la plus récente aventure rocambolesque de Gru, ses minions et sa petite famille, qui devrait faire autant de ravages que ses prédécesseurs au box-office mondial.
Dans l'esprit du plus jeune, grand aficionado de la série ayant passé pratiquement toute la projection au bout de son siège, il ne fait aucun doute que ce quatrième opus plaira énormément aux jeunes filles et garçons à quelques semaines de commencer leur deuxième année.
« J'ai A-DO-RÉ », s'est-il exclamé en marchant vers la sortie de la salle, écrasant quelques grains de popcorn échappés au passage, et pesant chaque syllabe.
Dans l'esprit du plus vieux, le niveau d'approbation est aussi là, mais un tantinet moins enthousiaste.
Pour les sens du parent qui les accompagnait, ces deux Advils ne seront définitivement pas de refus.
Déjà, lorsqu'on découvre que le grand méchant de ce nouvel épisode est un individu s'étant fièrement transformé en être mi-homme mi-coquerelle, il y a quelques drapeaux rouges qui se lèvent. Mais c'était probablement ça ou des injections de Botox, si nous nous fions aux lèvres de sa douce complice. Difficile, du coup, d'affirmer que notre antagoniste a fait le mauvais choix...
L'individu en question est Maxime Le Mal, un ancien camarade de classe de Gru qui a juré de se venger après que ce dernier l'eut fait arrêter à l'occasion de la réunion des anciens de la meilleure école pour aspirants super-vilains.
Question de protéger ce dernier, la Ligue Anti-Vilain entreprend de cacher Gru et ses proches dans la ville la plus bourgeoise et tranquille d'Amérique, espérant que notre menaçant amateur de blattes ne puisse les retrouver du haut de son immense vaisseau en forme de - vous l'aurez deviné - coquerelle.
C'est à se demander si le fait que le film sorte à peine deux jours après la journée nationale du déménagement tient véritablement du hasard...
Ah et, pendant ce temps, une poignée de minions ont été transformés en improbables super-héros. Parce que, rendu là, pourquoi pas...
Sur le plan narratif, la franchise a été nourrie aux stéroïdes depuis ses débuts plus modestes. Toutes les personnes impliquées dans le processus créatif semblent avoir ingurgité des quantités déraisonnables de sucre tous les matins avant de se mettre au travail tellement le résultat paraît toujours plus hyperactif, nerveux et tapageur d'un film à l'autre.
Et, pour une raison ou une autre, l'équipe artistique n'a vraiment pas lésiné sur le grotesque dans l'élaboration de ses personnages secondaires.
Dès lors, la trame dramatique se morcelle en plusieurs sous-intrigues d'inspiration et d'efficacité variables. Pour toutes les scènes mal rythmées ou n'allant carrément nulle part, il ressort un moment ou un élément franchement amusant qui frappe dans le mille.
Les minions et leurs frasques demeurent le meilleur argument de vente du film. Mais à l'instar de la diminution de l'intérêt du public envers les productions de super-héros - dont Détestable moi 4 se moque habilement - nous sentons ici que l'idée de base commence à avoir fait son temps, et que nous sommes beaucoup plus près de la fin que du début.
À cet égard, le plus vieux des deux garçons ayant assisté à la projection a affirmé que son moment préféré du film était l'ultime numéro musical et son avalanche de clins d'oeil aux opus précédents.
Et nous devons lui donner raison. En plus du choix musical tout à fait à propos, les maîtres de cérémonie ont su trouver une façon des plus astucieuses de souligner l'impact de la franchise sur la culture populaire actuelle, et un succès se mesurant tout de même en milliards de dollars.
En bout de ligne, les plus jeunes spectateurs ont été amplement divertis pendant 90 minutes.
Nous nous tournerons vers le prochain Conte pour tous pour la collation cinématographique santé et nutritive. En attendant, il n'y a aucun mal à laisser les enfants plonger la main dans le sac de Sour Patch Kids une fois de temps en temps.