En 2000, il y a eu Final Destination, un film d'horreur qui proposait un revirement intéressant à l'habituelle ritournelle du tueur en série : la Faucheuse elle-même était le méchant. La nouveauté de l'idée avait plu immédiatement, et malgré quelques failles scénaristiques on y avait vu quelque chose d'à la fois terrifiant et signifiant (parce qu'évidemment, on n'échappe pas à la Mort). Il y a eu Final Destionation 2, puis Final Destination 3 et The Final Destination. Cette semaine, c'est au tour de Final Destination 5. Tout ça en tout juste dix ans. N'y a-t-il pas quelque chose à comprendre?
Disons que l'aspect « nouveauté » est disparu depuis longtemps. Les spectateurs le savent, et les créateurs aussi, ce qui a grandement modifié le mode de fonctionnement d'un film comme Final Destination 5; il n'est pas question ici de faire comprendre, d'expliquer en détail le mécanisme, mais de trouver des moyens d'en faire plus. Plus de morts, des morts plus violentes, plus dégoutantes, plus sadiques. Mais certainement pas plus excitantes.
Le concept, c'est de tout miser sur l'anticipation; combien de temps peut-on étirer une mise à mort? Quel retournement trouvera-t-on pour exécuter bêtement un personnage dont on force le jugement manichéen (certains sont aimables et respectueux, d'autres mesquins et vulgaires, ce qui polarise le jugement)? Comme questionnement moral, on fait rarement plus simpliste, d'autant qu'on semble être à court de bonnes idées pour tuer quelqu'un. Après cinq films, c'est bien normal (le contraire serait inquiétant).
Sauf qu'à vouloir absolument tout montrer, des décapitations, des entrailles et des os brisés, on manque l'intérêt principal de toute cette mise en scène : la terreur, remplacée ici faute de mieux par le dégoût. Final Destionation 5 se prend trop au sérieux pour faire partie de cette lignée de films « parodiques » tels que Piranha 3D ou Machete. Heureusement, quelques revirements sont bien trouvés et quelques surprises sont efficaces - surtout en fin de course - ce qui sauve le film du désastre.
Dommage que l'utilisation du 3D soit si élémentaire; on projette sans arrêt des objets vers le spectateur, du mât de bateau au simple couteau, pour créer des frissons artificiels qui sont rapidement dissipés. Ce n'est pas effrayant, c'est désagréable, agaçant, et bien trop simple pour être la véritable valeur ajoutée du 3D. Une valeur ajoutée si rare qu'on commence à douter de la valeur de cette technologie... Même les effets spéciaux sont parfois franchement bâclés, n'étant pas dignes des avancées dans le domaine de d'autres films récents.
Heureusement, la finale se veut un savant clin d'oeil à l'ensemble de la franchise. Peut-être qu'après tout, les créateurs de cette série de films gore ne sont pas complètement inconscients de ce qu'ils font. Leur erreur aura été de vouloir en faire trop. Même si les personnages du film n'ont apparemment pas besoin (ni le temps) de le faire, il est grand temps d'amorcer le processus de deuil envers cette franchise qui n'a d'autre choix que de se répéter.