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Moiteur made in Nicaragua.
C’est le second film de Claire Denis à sortir sur les écrans cette année après le déjà pas terrible « Avec amour et acharnement ». Et comme à son habitude elle change totalement de registre sur la forme même si sur le fond ses obsessions et thématiques semblent avoir quelques similitudes. Elle passe donc d’un appartement bourgeois dans la grisaille parisienne qui accueillait un triangle amoureux et adultère à une rencontre sulfureuse au Nicaragua nappée de coup d’État et de magouilles financières et politiques. Seule constante : c’est peut-être la seule cinéaste à aimer autant illustrer le Covid et ses mesures à l’écran : masques, tests, contrôles sanitaires, ... Merci Claire, mais non merci, on ne paye pas pour voir des acteurs sans expression et voir ce qu’on a subi pendant deux ans! Et elle passe ici de la langue de Molière à celle de Shakespeare pour une œuvre toujours aussi âpre et peu aimable qui a reçu le Grand Prix du jury à Cannes cette année. Une récompense qui est tout de même la seconde plus prestigieuses après la Palme d’or. Un prix reçu ex-aequo avec le « Close » de Lukas Dhont, autrement plus apprécié des festivaliers. A se demander si cette récompense n’est pas la preuve du copinage entre la cinéaste et son acteur fétiche, Vincent Lindon, qui était alors le président du jury de cette édition 2022. Car franchement, on ne voit clairement en quoi ce film mérite un tel privilège. Sans être mauvais ou détestable, il ne recèle rien de transcendant qui mérite une reconnaissance de la sorte, que ce soit sur le fond ou sur la forme. « Des étoiles à midi » est interminable, épuisant et n’a pas vraiment de fond assez fort qui lui permette de prétendre à un prix politique. En effet, hormis une vague et timide critique des intérêts américains dans les pays d’Amérique centrale et des petits arrangements politico-financiers entre pays riches et pauvres quant à leurs ressources, rien de bien excitant sous le soleil nicaraguayen à se mettre sous la dent.
Au niveau du cinéma pur et simple, « Des étoiles à midi » a certaines qualités que l’on ne peut nier. L’atmosphère étouffante de la moiteur de l’Amérique centrale transpire (c’est le cas de le dire) à travers l’écran. Cette moiteur languissante a la qualité de son défaut. Assortie de nombreuses longueurs et d’un rythme flirtant souvent avec l’ennui, elle n’en demeure pas moins envoûtante par moments. Denis sait également emballer quelques séquences atmosphériques comme celle dans ce club vide sur la douce et tout aussi envoûtante mélodie de Tindersticks. Quant au côté sexuel un peu dépassé souvent reproché au film, c’est un faux problème, les scènes de sexe n’étant pas si nombreuses ni explicites que cela et collant parfaitement au coup de foudre entre les deux protagonistes. Cependant, le film se traîne inutilement et si l’histoire d’amour nous emporte par intermittences, le versant thriller politique ou d’espionnage (on ne sait plus trop) ne convainc pas du tout. Trop nébuleux, perclus de zones d’ombres et avançant par à-coups, il désintéresse de plus en plus. Pour terminer, le couple formé par Margaret Qualley et Joe Alwyn est probant, on ne peut nier qu’il l y a une certaine alchimie entre eux. Mais lui manque un peu de charisme et de prestance tandis qu’elle en fait un peu trop dans la désinvolture et le laisser-aller au vu de la situation. Bref, « Des étoiles à midi » est inabouti et parfois épuisant mais tout n’y est pas à jeter. Ce qui est sûr c’est qu’il ne méritait pas son prix cannois au vu de la sélection.
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