Dernière nuit à Milan Critiques des membres

Nuit milanaise sous tension.

Le réalisateur Andrea Di Stefano a un parcours atypique qui se confirme avec son troisième film. En effet et d’habitude, un réalisateur fait ses preuves dans son pays et se fait remarquer et recruter par Hollywood par la suite. On peut citer par exemple son compatriote Stefano Sollima qui a délivré le magistral film de mafia proche du chef-d’œuvre « Suburra » (une œuvre qui a d’ailleurs ensuite été développée en série) et qui a été choisi outre-Atlantique pour réaliser la suite de « Sicario ». Lui a fait le cheminement inverse car on l’a découvert avec le film un peu décevant sur Pablo Escobar « Paradise Lost » suivi du très bon film policier inédit en salles, car tombé durant la période de totalitarisme sanitaire, « The Informer ». Le voilà qui revient en Italie pour réaliser son premier film de cinéma dans son pays natal avec un polar musclé et maîtrisé de bout en bout. Car « Dernière nuit à Milan » est certainement son meilleur film des trois comme quoi on est bien mieux chez soi.

Le film est bâti sur une scène pivot de braquage entre flics ripoux et malfrats asiatiques sur une sortie d’autoroute. Si celle-ci est tendue et plutôt impressionnante, elle manque un peu de lisibilité et s’avère presque brouillonne. En outre, on peut regretter quelques invraisemblances dont la fin, avec le sort du personnage principal que l’on peut trouver peu crédible. Si ce n’est ces menus défauts, « Dernière nuit à Milan » est un petit bijou de polar sous tension qui ne nous lâche pas d’une semelle durant plus de deux heures. Et, pour une fois, la scène inaugurale qui présente une séquence en flash froward (donc se déroulant après ce qui va suivre) est totalement justifiée et apporte un éclairage nouveau sur l’intrigue. Car ce procédé est un peu devenu une mode et il est utilisé un peu partout sans réel intérêt narratif. Après cette scène d’introduction, le film prend son temps durant une demi-heure pour présenter les enjeux en douceur sans nous ennuyer pour autant et une fois la scène centrale passée, on ne lâche plus le personnage principal d’une semelle.

Dans ce rôle, l’acteur italien et star en son pays Pierfransisco Favino est impeccable. En policier intègre qui va se voir embarqué dans une affaire complexe et se faire trahir à la veille de sa retraite, il est impeccable. Juste, à la fois faillible et fort, il porte le film sur ses épaules sans souci. Le scénario est prenant et la mise en scène alerte et ample de Di Stefano nous embarque sans peine. En témoigne, le plan en drone sur Milan de nuit qui amorce le film qui se révèle d’ailleurs de toute beauté. Rares sont les films de ce genre à nous scotcher à notre fauteuil de la sorte sans baisse de rythme et « Dernière nuit à Milan » en fait partie, prouvant encore une fois le renouveau incontestable du cinéma italien depuis quelques années. Un excellent suspense à la fois original et intense qui réussit avec brio sa mission de divertissement sous haute tension.

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