Germain (François Berléand) et son épouse Lise (Dominique Reymond) ont une entente stipulant que celui ou celle qui survivra à l'autre devra mener à terme le projet dans lequel il ou elle était investi.e au moment de son décès.
Lorsque Lise meurt subitement, Germain doit donc retrousser ses manches et retrouver un minimum de flexibilité afin de prendre la place de sa regrettée douce moitié au sein d'une troupe de danse contemporaine formée autant de professionnels que d'amateurs.
L'initiative prend toutefois une tournure inattendue lorsque La Ribot, la réputée chorégraphe à la tête du groupe, décèle en Germain un je-ne-sais-quoi qui l'inspire à repenser le spectacle autour de lui.
Entre ses propres limitations physiques et le niveau d'inquiétude quasi maladif dont fait preuve son entourage à son égard, le septuagénaire finit par prendre goût à ce projet insolite - qu'il tente par tous les moyens de cacher à ses proches.
Avec son troisième long métrage, la réalisatrice d'origine suisse Delphine Lehericey signe une comédie légère, mise en scène d'une manière aussi sincère que sensible, à défaut de sortir des sentiers battus.
Dès le départ, le film est porté par un François Berléand malcommode mais attachant, donnant vie avec retenue à un individu envers lequel nous ne pouvons qu'éprouver de l'empathie. Surtout, la réalisatrice garde les choses simples, évitant les élans trop théâtraux et les raccourcis scénaristiques trop appuyés, et ce, même si sa prémisse repose fortement sur l'ironie dramatique et les quiproquos.
Plutôt que d'associer une fois de plus le vieillissement à la solitude, Dernière danse trouve sa principale matière comique dans le caractère envahissant des enfants de Germain, qui l'appellent à chaque heure du jour et de la nuit pour s'assurer que tout va bien.
Définitivement, trop, c'est comme pas assez.
La réalisatrice s'assure néanmoins d'aborder cette idée de manière sensée et équilibrée en faisant ressortir toute la bienveillance et la nature profondément généreuse des intentions se cachant derrière ces maladresses.
D'un côté, nous n'avons pas qu'un vieux grincheux poussé par de nouvelles expériences - et un rendez-vous inattendu avec l'art - à sortir un peu plus de sa coquille, mais aussi un homme exprimant son deuil de manière plus introvertie - notamment par l'entremise d'une correspondance post-mortem joliment communiquée en voix off).
De l'autre, nous avons des proches qui ont certainement la santé et le bien-être du patriarche à coeur, mais qui ne savent pas toujours où et comment tracer la ligne, surtout lorsqu'ils tentent d'organiser dans les moindres détails la routine du principal intéressé.
Évidemment, le scénario de Dernière danse est enclin à quelques redondances, alors que la prémisse de Delphine Lehericey laisse déjà paraître certaines limites après le premier acte. Ceci étant dit, avec une durée d'à peine 80 minutes, la principale intéressée n'étire pas trop la sauce non plus, signant au final exactement le genre de petit film inspiré et inspirant, bien joué et bien livré, qu'il fait bon d'attraper une fois de temps en temps.