Depuis quelques années, l'émergence d'une nouvelle attitude (il ne s'agit pas tout à fait d'un courant...) dans le monde de la comédie américaine exige d'avantage - et l'obtient - de la part des humoristes américains à qui l'on octroie des budgets faramineux pour réaliser ce qu'il convenait autrefois d'appeler des films inoffensifs. Du divertissement pur, oubliable et jetable qui n'avait aucune audace ni une once d'inventivité. Cette époque est révolue, et Demi-frères s'inscrit comme l'une des plus belles réussites de cette attitude juvénile et démesurée, qui ne permettrait pas qu'on lui refuse quelque impolitesse que ce soit... qu'on soit jeune à 20 ans ou à 40 ans, cela ne semble pas déranger Will Ferrell et ses complices de toujours, John C. Reilly et Adam McKay (Les nuits de Talladega : La ballade de Ricky Bobby), qui reforment un trio imbattable.
Les parents de Dale, 39 ans, et Brennan, 40 ans, ont décidé de se marier. Les deux devront donc partager une chambre dans la maison familiale, même si aucun n'est très heureux de cette nouvelle union. Pendant que le plus jeune frère de Brennan, Derek, continue de mépriser tout le monde, les deux nouveaux demi-frères, dont l'amitié se fait de plus en plus forte, devront se chercher un emploi afin de quitter le nid.
L'humour de Demi-frères passe énormément par ses interprètes, qui n'hésitent pas à se couvrir de ridicule pour une blague. C'est le prix à payer pour faire rire maintenant que tout a été fait et dit. Le politiquement correct reçoit une fière correction qu'il n'oubliera pas de sitôt. Dans l'absurde, il y a souvent un peu de vrai, mais rarement comme dans ce film-ci, aussi juste et inspiré que la citation de George W. Bush qui l'ouvre : « La famille est l'endroit où notre nation trouve son espoir, là où les ailes prennent des rêves. » Le ton est donné, et les problèmes abordés avec l'humour comme prétexte sont pourtant d'une justesse toute moderne en cette ère d'enfants de divorces.
À la Superbad, certaines blagues vont beaucoup trop loin; on n'a qu'à penser à ce commentaire de la femme de Derek, insatisfaite sexuellement, qui dévoile son amour pour la première fois à Dale de manière plutôt crue, plus vraie que vraie, honnête et sans aucune pudeur... On l'a dit et répété, mais cette témérité totalement déplacée est le seul salut de la comédie, le genre cinématographique qui a le plus de mal à se renouveler. Comme les films de la gang à Judd Apatow (aussi producteur), Ferrell et Reilly jouent la carte de la « phobie d'être gai » à la perfection, mélangeant à certains de leurs commentaires bi-curieux certaines références à la culture populaire d'une absurdité délirante. On pourra y entendre l'inoubliable : « Ta voix est une combinaison entre Fergie et Jésus. »
Les bonnes idées s'enchaînent dans Demi-frères pour offrir l'une des meilleures comédies de l'année. Ceux qui croyaient que la comédie ne réservait plus rien qui n'ait été déjà fait, ce renouveau nord-américain confirme de plus en plus ce qu'on soupçonnait déjà depuis un certain temps : la peur de l'interdit est le plus grand moteur, faire ce qu'on ne doit pas faire le plus grand plaisir de la vie. Will Ferrell et John C. Reilly ont trouvé le meilleur moyen de partager ce plaisir au plus grand nombre.
L'humour de Demi-frères passe énormément par ses interprètes, qui n'hésitent pas à se couvrir de ridicule pour une blague. C'est le prix à payer pour faire rire maintenant que tout a été fait et dit. Le politiquement correct reçoit une fière correction qu'il n'oubliera pas de sitôt. Dans l'absurde, il y a souvent un peu de vrai, mais rarement comme dans ce film-ci, aussi juste et inspiré que la citation de George W. Bush qui l'ouvre : « La famille est l'endroit où notre nation trouve son espoir, là où les ailes prennent des rêves. » Le ton est donné.