Établissons une chose dès le départ : lorsqu'une franchise si jeune (le premier Décadence est paru en 2004) produit un film par année, le public est en droit de se demander si, six ans plus tard, elle peut encore nous éblouir et transmettre quelque chose de différent, au-delà des entrailles et des disjonctions de cerveau humain, maintenant communes au cinéma. Malheureusement, le sixième opus ne possède pas cette propriété, nécessaire à un intérêt plus général des cinéphiles. Bien sûr, certains inconditionnels s'ébahiront de voir des victimes se découper un maximum de chair pour tenter de survivre, mais la plupart sont déjà lassés.
William est un fonctionnaire véreux qui fraude les plus faibles en leur refusant l'assurance vie. Lui et ses employés feront donc partie de l'ultime jeu de Jigsaw, qu'il avait planifié avant de rendre son dernier souffle. Hoffman, qui s'est révélé son seul successeur, exécute donc les ordres post-mortem de son maître, aidé par l'ex-femme de Jigsaw, Jill.
Le premier film de la franchise avait cette qualité enviable de détenir, derrière le sang et la violence, un scénario structuré et merveilleusement tordu. Mais avec les années, le récit s'est développé dans tous les sens s'adressant maintenant à un public amateur et averti. Bien que le sujet de Décadence VI soit d'actualité (les hauts fonctionnaires qui fraudent sans vergogne les plus démunis), le film ne peut être considéré comme une oeuvre à part entière; il est la béquille d'une franchise qui s'essouffle. Le meurtrier Jigsaw est toujours très présent malgré le fait qu'il soit décédé dans le troisième long métrage de la série. Les flashbacks sont (sur)utilisés pour expliquer chaque geste des protagonistes ce qui, en plus d'alourdir l'histoire, l'envenime.
Les « jeux » du tortionnaire, reconnus depuis longtemps comme son modus operandi, sont aussi (sinon plus) barbares que dans les productions précédentes. Des hommes qui se dépècent volontairement dans l'espoir d'avoir la vie sauve, cela excite peut-être certains friands de l'horreur, mais dégoutera la plupart. Qui plus est, la conclusion de ce sixième récit morbide est prévisible et bêtement redondante.
La morale, si on peut considérer le motif du meurtrier comme un enseignement, semble avoir été altérée au cours des années pour faciliter la tâche des scénaristes. Jigsaw disait cinq ans plus tôt à une droguée, à travers la bouche de son (terrifiant) pantin, qu'elle devait prendre soin de sa vie et aujourd'hui on accuse un assureur d'avoir négligé la vie des autres. Un leitmotiv qui, bien qu'au départ était rafraîchissant, s'avère finalement plutôt malléable et insignifiant.
Rien pour étonner ou pour apeurer, Décadence VI est la suite, logique soit, mais puérile d'une série de films dont l'âme médisante s'est éteinte depuis longtemps. Bien que le septième soit déjà confirmé (on ne s'en sortira pas si facilement), on espère profondément que Jigsaw, ou tout successeur potentiel, se lasse bientôt de jouer.
Rien pour étonner ou pour apeurer, Décadence VI est la suite, logique soit, mais puérile d'une série de films dont l'âme médisante s'est éteinte depuis longtemps. Bien que le septième soit déjà confirmé, on espère profondément que Jigsaw, ou tout successeur potentiel, se lasse bientôt de jouer.
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