La mode est aux suites qui sont également des remakes. On a eu Star Wars, Blade Runner et maintenant Saw. Revenir aux sources de ces suspenses horrifiques ne pouvait qu'être bénéfique. Depuis le deuxième tome, les épisodes rivalisent de médiocrité. À force d'accoucher d'un long métrage annuellement, les scénaristes n'ont pas eu le temps de réfléchir, ce qui explique pourquoi ils offraient n'importe quoi.
Les sept années de répit depuis le dernier Saw permettent donc d'éprouver une certaine nostalgie et même une curiosité envers ce huitième effort intitulé Jigsaw, du surnom du grand méchant. Même si ce dernier est décédé depuis une décennie, des crimes portant sa signature sont toujours commis. De quoi alerter les policiers qui tentent de retrouver cinq personnes emprisonnées dans un lieu saturé de pièges mortels.
On reprend la même formule et on recommence. Il y a des gens coupables qui doivent expier leurs fautes, beaucoup de sang, de l'humour noir, une enquête qui piétine, des invraisemblances à la tonne, plusieurs interprètes au talent incertain et une finale tirée par les cheveux et trop expliquée qui met la table pour une suite.
Qu'est-ce qu'il y a de nouveau sous le soleil? Pas grand-chose. Cela peut être une bénédiction pour l'admirateur et une douche froide pour le cinéphile qui attend toujours une quelconque de la série. Seule la réalisation semble de meilleure qualité. Sans rivaliser avec leurs solides Undead, Daybreakers et Predestination, les frères Michael et Peter Spierig offrent une mise en scène soignée au rythme soutenu, regorgeant de trouvailles visuelles.
Il n'y a toutefois rien pour faire de l'ombre aux immenses carences du scénario et au montage inutilement alambiqué. L'action est séparée en deux blocs d'inégale tenue. Il y a les séances de massacres qui font sourire et qui rappellent le film culte Cube, alors que les réflexions philosophiques sont remplacées par des brouhahas primaires sur la justice. Rien n'est à prendre au sérieux dans cette galère souvent réjouissante, surtout pas ces personnages à l'humanité défaillante.
Cette essence du huis clos vulgaire et efficace est toutefois paralysée par une enquête policière beaucoup plus fade, sorte de Seven des catacombes. On y suit des individus sans charisme ni intérêt qui finissent tous, à l'instar des brillants Scream ou The Usuals Suspects, à s'accuser mutuellement. Sauf que le pot aux roses se découvre trop facilement tant la temporalité fait défaut. Le transfert d'une histoire à l'autre devient si mécanique qu'il finit par noyer le poisson.
Les fans de la première heure seront ravis de se replonger dans ce torture porn pseudo intellectuel qui ferait passer The Purge pour du Antonioni. Il y a effectivement quelques moments tendus qui ravissent les bas instincts. Sauf qu'après une aussi longue disette, la licence Saw méritait mieux. Surtout que le premier et meilleur épisode du lot était loin d'être un classique du genre. Jigsaw se situe donc dans le milieu de peloton, entre les nombreux navets et les productions un peu plus potables. En cette période de l'Halloween, c'est tout de même mieux que l'insultant The Snowman... mais on est loin du divertissant Happy Death Day, du réjouissant It et, surtout, de l'exquis Les affamés.