La suite d'un film qui n'avait pas fait l'unanimité, ne la fera encore pas, mais fera passer aux amateurs un moment d'horreur efficace. Très efficace.
Ce n'est pas un hasard si Décadence 2 prend l'affiche à quelques jours seulement de l'Halloween; c'est un film spécialement conçu pour faire frémir en cette journée annuelle des morts, dont on n'attendait pas grand-chose, mais dont on a tout reçu.
S'inspirant de son prédécesseur – qui devait, à l'origine, sortir directement en vidéo – Décadence 2 met en place huit personnages cloîtrés dans une maison dont ils ignorent tout, à la fois pourquoi ils sont là et quel est le lien entre-eux. En fait, seule un petite cassette leur explique la situation : ils sont retenus par Jigsaw, un tueur en série qui s'amuse à mettre ses victimes dans des situations impossibles où ils doivent eux-mêmes se sortir d'un dispositif mortel, en acceptant de sacrifier quelqu'un ou quelque chose pour garder la vie. Et là, Jigsaw frappe un grand coup.
Pour garder la surprise, parce que c'est le principal, voire le seul, attrait de Décadence 2, ce petit résumé laconique suffira. C'est tout à l'honneur du film d'avoir exploré cette fois-ci les motifs du vicieux tortionnaire, pavant la voie à l'interprétation efficace de Tobin Bell, le tueur, qui se permet une performance digne de ce nom en explorant un peu son personnage. Pour le reste, malheureusement, ç'en est presque désolant.
Les acteurs sont définitivement la plus grande faiblesse du film. Ils représentent d'immenses clichés ultra-prévisibles, des stéréotypes impardonnables. Aucune subtilité, aucune finesse, leur jeu d'amateur ne fait pas honneur à la tension installée dans le film, malgré tout. Avouons cependant que personne n'ira voir Décadence 2 pour la vigueur ou la justesse de ses interprétations.
À leur défense, disons que les personnages eux-mêmes sont très sommairement définis, tout comme le reste du scénario, qui se concentre sur l'essentiel : des situations choquantes, sensationnalistes, des revirements étonnants qui fonctionnent, et de la tension dramatique (lire : du sang, des morts sanglantes, et encore du sang). Mais personne n'ira voir Décadence 2 pour la subtilité de son scénario non plus. Dommage seulement que plusieurs actions ne se justifient pas logiquement. Au moins, les revirements sont pour la plupart effectivement surprenants, la finale en particulier, qui pousse un peu plus loin la cruauté d'un personnage presque savoureux.
On ira plutôt voir Décadence 2 pour le sadisme de ses mécanismes mortels qui sont, ici, particulièrement efficaces. Le scénariste et réalisateur n'hésite pas à saigner ses personnages, qu'on prend souvent plaisir à voir mourir, malgré l'éphémère impression de déjà-vu. La confrontation entre le tueur et l'enquêteur, sans jamais en rejoindre la qualité, fait penser à celle du Silence des agneaux, sans le charisme.
Darren Lynn Bousman, à la réalisation, utilise les mêmes stratégies que lorsqu'il faisait du vidéoclip en étirant sur 90 minutes les montage épileptique, caméra instable et défilement d'images en éclair caractéristiques du genre. Certains raccords de montage sont audacieux, d'autres sont plus que douteux. Un travail efficace dans l'ensemble, un peu meilleur que moyen.
Plusieurs scènes resteront donc marquées dans la mémoire des spectateurs, malgré les failles scénaristiques et malgré les prestations faibles. Dans cette optique, Décadence 2 remplit entièrement sa mission de film d'horreur. Le sang coule, les gens souffrent et meurent, le spectateur – qui était là pour ça - est content.
La suite d'un film qui n'avait pas fait l'unanimité, ne la fera encore pas, mais fera passer aux amateurs un moment d'horreur efficace. Très efficace.
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