Deadpool fait tout ce qui est généralement proscrit dans un film : le protagoniste s'adresse directement à la caméra, on parle du film dans le film, on joue avec la ligne du temps de façon aléatoire, on ne nomme pas les artistes et artisans dans le générique d'ouverture (mais on parle plutôt d'eux comme des « hot chick », « bad russian guy » et « overpaid tool ») et on se moque de tous les autres films de superhéros, et c'est exactement pourquoi on bande sur Deadpool (oui, je me devais d'être un peu vulgaire en critiquant ce film).
Deadpool possède une désinvolture spectaculaire et un narcissisme décapant. Le personnage est certainement le plus atypique de l'univers de Marvel, et c'est probablement ce qui fait qu'on l'aime autant. Après une bande-annonce aussi irrévérencieuse, on craignait qu'on nous ait montré les meilleures séquences deux mois avant la sortie du film et qu'il ne nous reste plus rien à nous mettre sous la dent lors de sa parution en salles. Heureusement, nos hypothèses n'étaient pas fondées. Deadpool étonne constamment. C'est d'ailleurs dans la surprise que le film est le plus drôle, quand il nous lance des répliques caustiques auxquelles nous ne nous attendions pas, ou qu'il nous propulse dans une situation qui dépasse l'entendement (sans trop vous en révéler, disons qu'il y a une séquence avec une main miniature qui n'a aucun sens tellement elle est loufoque et cavalière).
Il n'y a rien que Ryan Reynolds ne se permet pas avec ce personnage présomptueux. L'acteur est au sommet de sa forme, et il joue avec cette conviction inébranlable qu'il incarne un trou de cul que le public ne pourra s'empêcher d'aimer (et il a raison!). Les autres acteurs sont également fort compétents dans leur rôle respectif. Chacun d'eux interprète un pion traditionnel de l'univers du superhéros, laissant toute la place à Deadpool pour être dissident et hérétique.
Le long métrage déboulonne tous les clichés, des films de superhéros, mais aussi de tous les autres genres. Deadpool est conscient de lui-même et transporte le public dans un univers parallèle excentrique où les protagonistes prennent le contrôle de leur destin. Les scènes d'action n'ont pas été délaissées non plus. Les cascades sont impressionnantes et les effets spéciaux n'ont rien à envier aux autres productions plus « conventionnelles » de Marvel.
Après avoir vu le film (et seulement après, parce que sinon vous allez me dire que je vous spoil et vous allez vous plaindre de moi dans vos commentaires dans la fiche du film; voyez, je fais comme Deadpool, je sors du contexte de la critique pour m'adresser directement à vous; tellement méta ;-)), vous pourrez sélectionner le paragraphe ci-dessous et découvrir mes moments préférés...
Il y a tellement de choses que vous voudrez partager avec vos proches en sortant de ce film, mais que vous devrez réfréner pour ne pas trop leur en révéler et briser leur expérience. Voulant moi-même parler de mes passages favoris, je vous présente mes quatre coups de coeur :
- Quand Deadpool s'adresse à la caméra pour dire qu'il a dû baiser Wolverine pour avoir son propre film (délicieux!)
- La délicieuse réplique : « I'm about to do to you what Limp Bizkit did to music in the late 90' » (hilarant)
- Le générique de fin avec les personnages animés (la licorne qui éjacule des arcs-en-ciel!)
- Quand Deadpool frappe à la porte de l'école du Professeur Xavier et s'exprime sur le fait qu'on ne voit que deux X-Men dans le film parce que ça aurait coûté trop cher au studio pour en voir davantage. (magique!)
On sort de Deadpool avec le sourire aux lèvres et le coeur léger, parce que oui des blagues de gros pénis et de grand-mère sur la poudre peuvent engendrer des rires francs et salutaires lorsqu'ils sont amenés avec la dextérité et le prosaïsme d'un personnage comme Deadpool. Bravo Marvel pour m'avoir fait écrire « éjacule » et « bande » dans une critique.