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Vivre et mourir...
On aurait aimé l’aimer davantage le nouveau film d’Emmanuelle Bercot. D’abord parce que c’est une réalisatrice à la filmographie cohérente dont les œuvres intenses, émouvantes et puissantes marquent les esprits. Du magnifique « Elle s’en va », déjà avec Catherine Deneuve, à l’incandescent « La Tête haute », déjà avec Benoit Magimel, ses long-métrages frappent fort et bien tout en imprégnant durablement la rétine. Que ce soit par leur potentiel émotionnel et tragique le plus souvent, mais parfois aussi par le biais d’une certaine fantaisie. Également parce que la cinéaste excelle souvent devant la caméra également en tant qu’actrice discrète, souvent abonnée aux seconds rôles, mais de ceux qu’on n’oublie pas. A l’instar de ceux dans « Polisse » ou « Le Bal des folles » par exemple, mais aussi comme lors de cette monstrueuse composition dans tous les sens du terme, qu’elle nous a offert dans le « Fête de famille » de Cédric Kahn, en sœur borderline et imprévisible.
Avec « De son vivant », elle choisit clairement la voie du mélodrame pur jus. On assiste en effet aux derniers mois de vie à l’hôpital d’un quadragénaire atteint d’un cancer incurable. Comment partir en paix avant l’heure fatidique, de quelle manière accompagner un mourant jusqu’à la fin, quelles sont les choses à régler avant de partir ou encore comment accepter la mort... Telles sont les questions à la fois essentielles et si proches de nous abordées ici. Des sentiments qui touchent ou toucheront nos vies à tous de près ou de loin, mais des sentiments également si difficilement appréhendables lorsqu’on n’y est pas confrontés, qu’il est parfois délicat de les porter à l’écran. Elle avait déjà abordé le mélo, mais à tendance romantique, avec le sublime « Mon Roi ». Ici, elle saute de pleins pieds dans le genre tout en évitant la plupart des écueils qui y sont associés. Par exemple, on sent qu’elle veut éviter de trop sombrer dans le pathos et l’émotion facile, mais aussi qu’elle veut contourner le film-dossier, catalogue de la maladie en phase terminale. Pari pas toujours réussi mais admirablement essayé, car il faut avouer que les films qui affrontent la mort en face de manière objective, juste et sensible ne sont pas légion.
Parfois à la limite du documentaire grâce aux interventions du docteur Gabriel Sara (les scènes les plus risquées et étonnantes du long-métrage mais peut-être paradoxalement les plus réussies), « De son vivant » nous montre l’accompagnement des malades en phase terminale avec réalisme et sensibilité. Il est clair qu’on ne va pas voir un film comme celui-ci si l’on n’est pas dans une bonne période. Le propos est triste et le film commence avec le diagnostic du malade, donc pas d’échappatoire possible, mais c’est assumé de bout en bout. Cependant, on sent parfois que la réalisatrice peine à laisser l’émotion poindre, comme par crainte d’être taxée de voyeuriste ou son long-métrage de misérabiliste. Elle préfère rester dans une certaine froideur clinique, terme approprié comme jamais ici. Benoit Magimel tient là l’un des rôles si ce n’est le rôle de sa vie aux côtés d’une Cécile de France solaire, dans un second rôle semblable à celui qu’elle tiendra bientôt dans « Les jeunes amants ». Mais c’est le docteur Sara qui étonne le plus avec son aisance devant la caméra faisant penser à un véritable acteur si ce n’est le générique pour nous rappeler son statut de médecin. Si « De son vivant » n’atteint pas la grâce et l’excellence de la plupart de ses films précédents, il reste courageux, beau et fort et le sujet était très casse-gueule mais les acteurs et le respect pour le sujet font le reste...
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Il y a de la vie dans la mort.
Wow! Que dire de plus? Quel beau film lumineux malgré le sujet! Que d'émotions! Les acteurs sont excellents! A revoir!