Présenté comme un film d'action estival à la Bon Cop, Bad Cop, ce nouveau long métrage d'Émile Gaudreault, l'un des réalisateurs comiques les plus efficaces au Québec, est une comédie avec de l'action, plutôt qu'un film d'action avec de l'humour. Conçu pour mettre Louis-José Houde en valeur, le film fonctionne très bien à ce niveau. Houde développe une belle complicité avec Michel Côté, efficace, tandis que se dévoilent les ressorts d'une histoire secondaire, sans grande influence sur le film (drôle à dire, mais c'est vrai). On est donc en terrain connu, arpenté et cartographié, tout comme les comédiens qui ne quittent jamais les sentiers battus. Le film n'en souffre heureusement pas trop.
Les policiers Jacques Laroche et son fils Marc sont affectés à la lutte au crime organisé mais ils ne peuvent se supporter. Afin de retrouver un collègue qui a été enlevé, les deux hommes devront apprendre à travailler ensemble et à se faire confiance. L'occasion est belle de s'inscrire à une escapade d'une semaine en forêt visant à rapprocher père et fils lorsque l'avocat du chef des motards, Maître Bérubé, s'inscrit lui aussi avec son fils suicidaire. Les deux policiers tenteront de convaincre l'avocat de collaborer avec la police.
Houde s'offre un personnage convenu pour cette première expérience dans un premier rôle au cinéma; un rôle qui lui ressemble beaucoup et des blagues misant sur son débit et quelques touches d'absurdité qui satisferont ses fans. Voilà pour le rassurant. Michel Côté, toujours étonnamment juste, ne se met pas particulièrement en danger, mais est au moins plus excitant que Rémy Girard, qui joue un personnage qu'on a vu cent fois. La voie de la facilité. Au contraire de Caroline Dhavernas, qui est la plus naturelle du lot, et de Robin Aubert, qui est celui qui semble le plus s'amuser. Ils s'avèrent tous les deux être très efficaces. Reste que les personnages sont exactement comme des joueurs de troisième trio du Canadien : ils servent à quelque chose, mais pourraient aisément être remplacés par d'autres, et on aime bien qu'ils soient Québécois. Voilà encore pour le rassurant.
Gaudreault semble travailler pour une force supérieure, cette sacro-sainte « comédie populaire », avec une intention précise et grandement formatée. Son sens du punch est donc moins efficace, moins aiguisé que dans ses précédents films, dont Comment survivre à sa mère est encore le plus probant exemple, parce que plus tordu. Là aussi, l'utilité prime. Même chose pour le scénario, qui contourne certains lieux communs mais se voue à d'autres pour mettre en scène quelques confrontations entre Houde et Côté; des confrontations qui fonctionnent assez bien en elles-mêmes, mais qui semblent plus faibles lorsqu'installées au centre de la trame principale du film.
La comédie est un genre exigeant qu'on croit accessible à tout le monde. Plusieurs essais infructueux envahissent pourtant nos écrans chaque année (on n'a qu'à penser à l'inimitable Le bonheur de Pierre). Des films qui se pensent drôles mais qui ne le sont qu'à moitié, portés par un marketing à grande échelle qui convainc le public que c'est drôle parce que c'est rassurant. De père en flic fait partie de cette catégorie. Le savoir-faire en ce domaine d'Émile Gaudreault, son pragmatisme bien mesuré, et les comédiens principaux ajoutent pourtant à ce nouveau film à recette une plus-value qui en fait une comédie de qualité, oubliable mais réussie.
Le savoir-faire d'Émile Gaudreault, son pragmatisme bien mesuré, et les comédiens principaux ajoutent pourtant à ce nouveau film à recette une plus-value qui en fait une comédie de qualité, oubliable mais réussie.
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