Sans pouvoir dire encore si cette tendance se confirmera dans les années à venir, on remarque tout de même que la comédie - un genre sous-estimé au cinéma - gagne peu à peu le respect qu'elle mérite. C'est grâce à l'intelligence de certaines d'entre-elles (Easy A, Scott Pilgrim vs. The World) qu'on reconnaît la qualité des bonnes comédies. L'audace et la vulgarité sont au centre de ce renouveau, dans la manière qu'on a de repousser les limites, de trouver des blagues qui n'ont pas déjà été racontées. Due Date est, en ce sens, extrêmement intéressant, comme cas d'analyse de ce qu'il faut faire et de ce qu'il faut éviter dans une comédie. Il y a ici autant de bonnes idées que de mauvaises, de choix éclairés que de décisions douteuses.
Peter Higman est en voyage d'affaires à Atlanta, et il s'apprête à monter à bord d'un avion pour rejoindre sa femme, qui est sur le point d'accoucher à Los Angeles. À cause d'un incident avec Ethan Tremblay, un énergumène qui souhaite faire carrière comme acteur à Hollywood, il est expulsé de l'avion et il est interdit de vol. Sans pièces d'identité, sans argent, il n'a d'autre choix que de monter en voiture avec Ethan, qui promet de le mener jusqu'à sa femme à l'autre bout du pays.
Dans la plupart des films, il faut forcer les personnages à entrer dans le carcan narratif qu'on a prévu pour eux. Il faut les obliger, de manière logique, à accomplir l'histoire qu'on a imaginée. Ici, il s'agit de réunir deux personnages que tout oppose, dans une traversée de l'Amérique. Comment faire pour que les personnages ne puissent pas prendre le prochain vol? Qu'ils ne puissent pas simplement transférer de l'argent par téléphone? Parce que si c'était possible, on leur reprocherait d'être irrationnel et de ne pas le faire afin d'éviter tous ces ennuis. Due Date met son histoire en place avec beaucoup d'invention, et c'est la qualité numéro un de toute comédie (de tout film, en fait) que de ne pas être « forcée » à l'intérieur d'un concept (celui de réunir deux acteurs au goût du jour pour qu'ils fassent leur numéro). Même si on sait que c'est le cas.
Aussi dans les points positifs : c'est une excellente idée d'élargir l'éventail des possibilités du récit, d'essayer de contourner le dénouement prévisible qu'on devine avec des revirements dramatiques comme cet ami noir de Dallas qui pourrait avoir quelque chose à se reprocher. Au contraire, une escapade au Mexique s'avère totalement incohérente; alors qu'on se réjouissait que les personnages prennent des décisions logiques (à l'intérieur de leur logique à eux), on se désole de les voir traverser deux États américains dans une voiture officielle du Mexique sans être ennuyés par la police. On sent la manipulation du scénariste.
Cependant, on sent tout au long du film qu'on n'a pas favorisé les blagues au détriment du déroulement narratif, et on ne peut que s'en réjouir. Le film n'est pas aussi inspiré lorsque vient le temps d'être vulgaire. Plutôt que de démontrer de l'audace, de repousser les limites du « politically correct » en témoignant d'un malaise généralisé de la société (frapper un enfant turbulent, par exemple), il est simplement dégoûtant à d'autres moments.
Heureusement pour Due Date, Robert Downey Jr. est toujours le même brillant acteur qu'il a toujours été et Zach Galifianakis, assez dédié et efficace tout de même, défend avec énergie un personnage un peu moins gelé mais tout aussi retardé que son personnage dans The Hangover. Efficace, un peu comme le film lui-même. Mais sans plus.