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Fantastique en pantoufles.
A la lecture du résumé de « Dans les angles morts » on se dit que l’on a déjà vu ce genre de films mille fois. Jugez plutôt : un jeune couple de la ville qui part s’installer à la campagne, une ferme isolée leur sert de nouvelle demeure, des manifestations étranges commencent à se faire de plus en plus insistantes pour l’épouse tandis que le mari semble cacher de sombres secrets. Donc comme vous pouvez le voir et à moins de n’avoir jamais vu de films, rien de bien neuf sous le soleil du fantastique et des maisons hantées. Mais il y a des œuvres qui sont parvenues à renouveler le genre de manière sporadique que ce soit pour le cinéma (« Ghost Story » ou « Hérédité » pour le cinéma d’auteur et « The Conjuring » ou « Sinister » pour le cinéma plus commercial) ou les séries (« The Haunting of Hill House » par exemple) et de manière magistrale. Ici on se situe dans une mouvance plus adulte à cheval entre le mainstream et le cinéma plus indépendant. Il n’empêche, si le film n’est pas déplaisant, il est bien trop prévisible et banal pour emporter l’adhésion.
Chose peu commune pour le genre, « Dans les angles morts » dure plus de deux heures. Et malgré cela, il a le mérite de ne pas ennuyer à défaut de totalement captiver. Le long-métrage prend bien le temps de planter le décor et de creuser ses personnages principaux, incarnés par des acteurs qui n’ont pas grand-chose à jouer de bien révolutionnaire mais qui le font bien. Une psychologie plus fouillée qu’à l’accoutumée, du temps pour laisser l’ambiance s’installer et les sempiternels jump scares à répétition évités montrent que ce film n’est pas réalisé par un tâcheron interchangeable choisi au hasard par un producteur. Non, c’est davantage une vision d’auteurs plus respectés à laquelle on a droit ici (Pulcini et Springer Bergman viennent du sérail indépendant). Si leur mise en scène est correcte et aurait demandé plus de personnalisation, on ne peut que louer ces efforts faits sur le fond dans un genre où l’approximation substantielle est souvent de mise (comme la plupart des productions horrifiques signées Jason Blum par exemple).
Cependant, il est impossible de porter aux nues un film comme « Dans les angles morts » tant on a l’impression de l’avoir déjà vu. Bien trop classique à tous niveaux. Et donc décevant. Tout ici est prévisible et chaque manifestation fantastique ou avancement de l’intrigue arrive comme une évidence à force d’être attendu. Tout, jusqu’au dénouement qui calque maladroitement un propos féministe sur le suspense, suit son cours sans jamais nous surprendre ou nous réveiller de la légère torpeur dans laquelle on se retrouve en regardant ce film. Ensuite pour un film censé faire quelque peu frissonner, on peut toujours espérer car il n’y a véritablement aucune scène qui fait vraiment peur ou inquiète. En somme, si l’on n’a jamais vu de film de maison hantée et qu’on a peur pour rien, le film pourra peut-être satisfaire, sinon et en dépit de ses qualités d’écriture, c’est l’encéphalogramme plat pour ce film qui s’apparente plus à un thriller domestique et matrimonial pour ménagères sensibles.
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