Dans la brume n'est pas exactement ce à quoi on s'attend d'un « film français ». Les films catastrophes dystopiques sont généralement réservés aux Américains avec leur budget démesuré et leurs effets spéciaux stéroïdés. Mais, les Français (mentionnons quand même que le film est une coproduction entre la France et le Québec) nous prouvent qu'on peut faire de la science-fiction post-apocalyptique différemment. Pas besoin de zombies ou de robots tueurs, la brume suffit amplement.
Le réalisateur québécois Daniel Roby a fait un travail exceptionnel derrière la caméra. Il est parvenu à créer un climat angoissant, sans avoir recourt à une trame sonore omniprésente. Très souvent, le seul son de la respiration haletante du protagoniste est suffisant pour faire ressentir au cinéphile l'intensité du moment. Un peu comme dans l'excellent Les affamés de Robin Aubert, le rythme est lent et la tension, palpable.
Comme cette brume tue tous ceux qui la respirent, les personnages doivent souvent retenir leur souffle. Le cinéaste est arrivé à asphyxier même le spectateur, qui n'a pourtant rien à craindre confortablement installé sur son banc avec un gros pop-corn sur les genoux. Même si on se sait en sécurité, il nous arrive à plusieurs reprises dans le film de chercher notre air, tellement nous sommes habités par la conjoncture dramatique vécue par les personnages.
Roby nous offre également un portrait de Paris que nous avons rarement vu au cinéma. Comme la brume couvre toute la ville, mais s'arrête à une certaine hauteur, ce sont les toits des immeubles parisiens qui font office de principal décor. Magnifique!
Au-delà du suspense, qui est fort bien mené, on retrouve également des séquences dramatiques très poignantes. J'ai pleuré... beaucoup. Tellement que j'en ai dérangé les gens assis à côté de moi dans le cinéma. Mon torrent de larmes était exagéré, je vous le confirme, mais reste qu'il y a des moments particulièrement déchirants dans ce film. Tout du long, les personnages sont confrontés à des dilemmes moraux et éthiques qui en viennent à bouleverser le spectateur. Puis, il y a cette scène à la toute fin avec Michel Robin et Anna Gaylor - tellement tragique et romantique - qui vient donner le coup de grâce. Impossible de se relever indemne d'une telle séquence.
L'acteur Romain Duris fait du bon boulot dans le rôle de ce père de famille qui est prêt à tout pour sauver sa fille. Mentionnons que celle-ci est atteinte d'une maladie orpheline qui la force à vivre dans une bulle qu'elle ne peut jamais quitter. Bien qu'on s'imagine au départ que cette étrange pathologie n'a été imaginée que pour donner de belles images et un stress supplémentaire aux spectateurs, on comprend en fin de parcours qu'elle contribue au dénouement; une chose qu'on a beaucoup appréciée. Certes, il n'est pas nécessaire de donner toutes les réponses au public, mais lui offrir des pistes de réflexion est un minimum.
Ceux qui aiment les films catastrophes comme San Andreas ou The Day After Tomorrow, trouveront certainement que Dans la brume manque d'explosions et de cascades extravagantes. Mais, il est rafraîchissant de constater qu'on peut faire des films de genre autrement.