Vu en septembre au Festival du Film de Toronto.
Eddie Redmayne avait été si fascinant dans The Theory of Everything que j'étais impatiente de le retrouver dans un rôle qui m'apparaissait aussi fort. Son interprétation est effectivement puissante, comme on l'attendait, mais il n'y a pas dans son jeu cette authenticité qui nous avait tant émus dans sa personnification oscarisés de Stephen Hawking. Il y a dans sa gestuelle féminisée quelque chose d'artificiel qui nous empêche de passer outre.
Alicia Vikander, de laquelle nous n'attendions pas autant d'intensité et de douceur, livre une performance transcendante. On ne peut la quitter des yeux. Elle porte le film sur ses frêles épaules et nous révèle pourquoi Hollywood se l'arrache autant depuis quelque temps.
The Danish Girl raconte l'histoire d'un homme du nom de Einar qui, après avoir enfilé les collants d'une danseuse pour sa femme peintre qui avait besoin d'un modèle, se surprend à apprécier considérablement le contact des atours féminins. Bien vite, il réalise qu'il n'est à l'aise en société que lorsqu'il se travestit en Lili, ce personnage qu'il a imaginé un soir pour accompagner sa femme à un bal sous le couvert de l'anonymat.
Les gens qui côtoient Lili ne se doutent jamais qu'un homme se cache sous la perruque et le maquillage. Bien que la transformation d'Eddie Redmayne est impressionnante et qu'il fait une femme assez jolie, la forme de son visage reste la même et sa voix plus aiguë ne devrait pas berner ainsi tout le monde, pas de manière aussi irréfutable. Le fait que jamais personne ne reconnaisse Einar est ici aussi surprenant que dérangeant. La finale rose bonbon et les quelques clichés le long du chemin dérangent aussi un peu, mais c'est un moindre mal considérant la qualité du drame qu'on nous propose.
Le drame existentiel dont est victime cet homme arrive tout de même, à un point, à toucher le public directement au coeur. Les propos de ces médecins qui maintiennent que les agissements d'Einar relèvent de la perversion et qu'il se doit être traité par la radiation (des techniques barbares qui étaient coutume à une époque) troublent immanquablement le public du 21e siècle. La relation que ce dernier entretient avec sa femme, qui, même si elle ne peut plus l'aimer comme jadis, reste à ses côtés dans les moments les plus pénibles, est tout aussi touchante et déchirante.
Il faut mentionner la qualité de la direction photo et artistique de la production. Les décors, les costumes, la texture des images et leur éloquence élèvent l'oeuvre au-dessus de la masse.