Les documentaires et les téléfilms sur Dalida sont nombreux. Ne connaît-on pas déjà par coeur ce destin malheureux, ce parcours tragique d'une chanteuse qui aimait trop et qui s'est enlevé la vie il y a 30 ans?
Son frère Orlando a décidé de renforcer ce mythe en étant le coscénariste d'un nouveau long métrage sur l'interprète d'Il venait d'avoir 18 ans. Une version presque officielle tant Dalida (campée par Sveva Alviti) relève de l'hagiographie. Elle est la victime de son succès et des hommes qui l'entourent, alors que son désir d'aspirer à une existence normale ne s'est jamais matérialisé.
Une âme perdue qui a su marquer son époque et qui erre au sein d'un film éphémère - sans réelle épaisseur ni complexité - qui présente une succession d'amants et d'amours déchus. La mort rôde sans cesse autour d'elle et le récit qui dépasse allègrement les deux heures ne fait rien pour échapper aux affres du mélo. Bien au contraire, il s'y complaît goulûment, noyant au passage un solide casting qui inclut Riccardo Scamarcio, Jean-Paul Rouve, Vincent Perez et Nicolas Duvauchelle.
Seule Sveva Alviti en ressort indemne. La mannequin italienne a dû apprendre le français pour l'occasion et elle offre une composition touchante de retenue. Ce rôle iconique s'avérait très casse-gueule et l'actrice s'en sort haut la main. Même si sa partition semble un peu monocorde (à l'image de la création) et que son lip sync est trop palpable lors des cadrages serrés, sa présence permet à la production de tenir la route.
Cette héroïne perdue et dépressive qui est incapable de communiquer son mal de vivre n'est pas sans rappeler la bouleversante Monica Vitti dans le chef-d'oeuvre Le désert rouge. Là où Michelangelo Antonioni privilégiait le temps mort et le non-dit en laissant la place aux cinéphiles de s'imaginer ce qui lui arrive, la réalisatrice Lisa Azuelos se permet ici de tout expliquer. La première partie regorge d'ellipses incessantes alors que le second segment beaucoup plus traditionnel en beurre épais au niveau des symboles et des miroirs.
On reconnaît pourtant la touche de la cinéaste, qui n'a toujours rien fait de concluant après Une rencontre, Comme t'y es belle!, LOL et son remake américain. Son univers intime avait enfin les moyens de son ambition et on le remarque aisément par cette reconstitution d'époque léchée qui ne manque pas de glamour et un montage sensoriel qui superpose de façon cohérente le son et l'image. Ce n'est toutefois pas suffisant pour sortir de sa torpeur une mise en scène un peu molle et mécanique qui finit par être ronflante.
Reste la musique de Dalida, éternelle, que l'on écoutera en boucle. Ce biopic qui a plus à voir avec La vie en rose ou Ma vie en cinémascope que Gainsbourg (vie héroïque) fera vendre une multitude de produits dérivés et on se demande si ce n'était justement pas son but premier. Parce qu'on n'apprend pratiquement rien de nouveau sur l'artiste, si ce n'est que Sveva Alviti possédait tout le talent pour l'incarner. Le long métrage, appliqué mais rarement habité, sera vite relégué au simple objet de curiosité.