On aurait espéré que A Cure for Wellness de Gore Verbinski possède la même folie que Shutter Island de Martin Scorsese, mais nous sommes bien loin du compte. Le film s'évertue si fort à transmettre un sentiment d'étrangeté (encouragé dès les premières minutes par des ballerines en porcelaine, qui n'ont qu'un lien très très étroit et forcé avec l'ensemble de l'histoire au final), d'angoisse et de dégoût aux spectateurs qu'il devient rapidement risible.
Le suspense s'empêtre souvent dans les rouages alambiqués de sa propre intrigue. Régulièrement, le cinéphile est perdu au sein de cette mythologie outrageusement complexe pour rien. Il y a même des éléments de l'histoire qui ne seront jamais expliqués. Le spectateur doit déduire les réponses. Si la trame narrative avait été particulièrement intrigante, peut-être le public aurait-il eu la curiosité de faire les liens requis, mais A Cure for Wellness est trop ennuyant pour justifier tant d'efforts.
Réduire sa durée aurait déjà pu améliorer considérablement son impact. Les 137 minutes que dure le long métrage nuisent irrémédiablement à son efficacité. La finale ne vient malheureusement pas sauver l'ensemble. Le dénouement prévisible ne justifie en rien les chemins sinueux empruntés. Déjà, au début, on avait compris comment se conclurait cette histoire; inutile de nous tenir en haleine aussi longtemps!
Si l'intérêt était de faire peur (comme le laisse croire la musique inquiétante, les silences évocateurs et les décors lugubres), c'est raté. Il est assez difficile d'être effrayé lorsqu'on ne comprend pas ce qui se joue sous nos yeux. Même un scientifique fou dans un laboratoire de Frankenstein avec des appareils de torture et des anguilles suceuses de sang frais n'est rien sans une quête bien définie...
Par contre, la direction photo de A Cure for Wellness lui procure un peu d'intérêt. Ce centre de thalassothérapie dans les Alpes suisses est un heureux mélange entre un hôpital psychiatrique et un spa. Visuellement, on ne peut pas reprocher grand-chose à ce film. Par exemple, cette séquence de l'accident avec le cerf, au début, est éblouissante. Et que dire de ces paysages montagneux et de ces jeux de lumière dans l'eau!
Dane DeHaan (Harry Osborn dans The Amazing Spider-Man 2) fait de son mieux pour insuffler quelque chose de sinistre à son personnage, mais il n'y a rien à faire. Lui, comme tous les autres d'ailleurs, n'est pas crédible dans son rôle. Même Mia Goth, qui interprète la jeune protégée du propriétaire du centre, finit par devenir grotesque.
Le scénariste Justin Haythe s'est lui-même perdu dans les labyrinthes de son histoire. On pourrait faire des efforts pour tenter de retrouver notre chemin jusqu'à la sortie, mais on est lassé avant la fin du parcours et on emprunte le raccourci en poussant quelques soupirs.