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Coucou bizarrerie.
Totalement déroutant ce film fantastique horrifique germano-américain. Ce jeune cinéaste allemand nous a couvé (c’est le cas de le dire) une histoire à dormir debout (c’est le cas de le dire aussi) absolument improbable et diablement originale. Une proposition de genre peu commune dont les tenants et les aboutissants complètement farfelus auraient pu faire sombrer « Cuckoo » dans le ridicule mais – et c’est d’autant plus admirable – il tient son concept à bout de bras et nous offre quelque chose de, certes, vraiment capillotracté mais totalement maîtrisé. On ne va vraiment pas en dire plus mais disons qu’entre le film d’expérience à la « The Cure for life » dont il partage le cadre spatial, le film d’épouvante avec créature et le thriller scientifique et psychologique, le long-métrage est presque inclassable dans le domaine du film de genre qui autorise pourtant bien des folies. Il nous concocte un script effrayant qui parle de maternité fondue avec le mode de vie très particulier du coucou, l’oiseau du titre donc, et de son système de reproduction (!). Oui vous avez bien lu.
Et non, ne riez pas. Avec une telle idée, le raté ou la farce lui pendait au nez mais Tilman Singer tient le cap et nous présente son histoire (qui va dérouler son étrangeté et sa bizarrerie de manière exponentielle) sans aucune once de second degré, ne se laissant jamais distraire et assumant de bout en bout son concept casse-gueule. Et le fin mot de l’histoire complètement capillotracté nous scotche. On se dit il a osé mais c’est étonnamment réussi et bien imaginé. Laissant quelques zones d’ombres bienvenues pour faire travailler l’imagerie du spectateur et nous plongeant dans une atmosphère proche du conte, « Cuckoo » ne plaira pas à tout le monde mais personne ne pourra nier une proposition audacieuse bien mijotée et angoissante. L’ambiance délétère de ce centre de vacances alpin et de ce qui s’y trame, l’absence de temporalité bien définie (les décors semblent sortir des années 70 mais on utilise les téléphones cellulaires), le cadre isolé et rare des montagnes bavaroises (lieu de création de l’horloge à laquelle on a donné le nom de cet oiseau) participent à rendre l’atmosphère délicieusement anxiogène et bizarre.
Dans le rôle principal, Hunter Schafer (découverte dans la magistrale série « Euphoria » dont on attend désespérément la troisième saison) est très convaincante dans son premier grand rôle au cinéma tandis que Dan Stevens en rajoute peut-être un peu trop en docteur maboul trop facilement identifiable comme une menace mais on peut aussi dire que ça colle tout de même à cette sorte de film fantastique indéfinissable. Le final qui tire presque vers le film d’action en fait peut-être un peu trop mais l’épouvante provoquée par le dénouement et la créature remettent « Cuckoo » sur les rails du bon film d’horreur. Car, captivant, prenant, troublant et effrayant, il l’est assurément. Une œuvre se rangeant à mi-chemin entre l’horreur expressionniste d’antan, le film de genre plus générique et l’elevated horror rendue célèbre par le même studio producteur, Neon (qui nous a offert aussi « Longlegs » récemment), mais aussi son concurrent sur le même terrain, A24 avec « Midsommar » par exemple. Bref, une curiosité dont l’étrangeté nous a conquis avec son univers clairement hors du commun mais qui en laissera beaucoup sur le bas-côté.
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