************** Le film Cruella est offert en salles et sur Disney+ (accès premium). *************
Disney travaille d'arrache-pied depuis quelques années à rafraîchir ses classiques. L'un des moyens employés par l'entreprise pour y arriver est de mettre de l'avant ses légendaires vilains afin de leur offrir leur propre film. Maleficent, la méchante de Sleeping Beauty, avait eu droit à ce traitement honorifique en 2014 et c'est maintenant au tour de Cruella de Vil d'être célébrée. C'est à Emma Stone qu'on a demandé d'interpréter la féroce designer. L'actrice arrive à insuffler une humanité (jusqu'ici insoupçonnée) au personnage inconique de Glenn Close. Bien sûr, Cruella reste cruelle, mais de connaître son parcours, ses victoires et ses échecs, nous amène à la considérer différemment.
L'histoire du film se déroule dans les années 70 alors qu'Estella, jeune adulte, se permet de rêver qu'elle deviendra un jour une grande styliste de renommée internationale. Alors qu'elle habite dans un taudis avec ses amis Jasper et Horace, rien ne la promet à un avenir brillant, mais une grande créatrice de mode, appelée La Baronne, lui permettra de mettre un premier pied dans ce monde dont elle rêve depuis l'enfance. De sombres révélations sur le passé de sa nouvelle patronne amèneront Estella à vouloir se venger et elle le fera en offrant à La Baronne une rivale de taille sous les traits de l'impitoyable Cruella.
Le long métrage s'intéresse aussi, en partie, à l'enfance d'Estella puis à ses années de pickpocket. L'histoire principale débute après une introduction (charmante, mais bien trop longue) de 45 minutes. Le principal problème de Cruella s'avère d'ailleurs être sa durée excessive. Deux heures quinze, c'est exagéré pour un récit aussi simple. Craig Gillespie aurait gagné à élaguer son film de toutes superfluités; joli mais inutile.
Par contre, personne ne peut nier que Cruella est une réussite d'un point de vue esthétique. Les fashionistas seront comblées par ce film, qui a mis plus d'efforts dans la conception des costumes, des maquillages, des coiffures et des décors que dans l'écriture de son scénario. Il y a des looks qui resteront probablement mémorables dans l'histoire du cinéma, à commencer par cette robe conçue à partir de matériels recyclés et rebuts d'un camion de poubelles. La direction artistique du long métrage de Disney mérite des éloges et on espère que l'an prochain, les Oscars sauront le commémorer.
On aime aussi l'intégration des chiens dans l'histoire de Cruella, l'ajout de quelques personnages secondaires amusants comme le théâtral Artie et la performance grandiloquente d'Emma Thompson dans le rôle d'une nouvelle vilaine à ajouter au portrait de chasse des 101 Dalmatiens.
Mais, on retrouve également dans Cruella une incohérence au niveau du mélange de styles, de la facture visuelle. Si la plupart des plans reflètent une certaine élégance vintage, quelques scènes paraissent tout droit sorti du cartoon. On pense notamment à cette séquence où la protagoniste s'efforce de faire sortir ses amis de prison au volant d'une benne à ordures. Ces passages loufoques dissonent avec le reste.
Cruella n'est peut-être pas le film nostalgique et impétueux qu'on espérait, mais il se révèle être un divertissement qui a suffisamment de chien pour amuser petits et grands. À noter, par contre, que les moins de douze ans risquent de trouver l'aventure un peu laborieuse. On s'adresse ici aux adolescents et aux adultes, mais surtout à ceux et celles chez qui les mots Fendi, Armani, Vuitton, Gucci et Prada provoquent une émotion.