Crépuscule pour un tueur a été tourné il y a trois ans déjà. Mais, comme la production ne voulait pas que le film sorte en même temps que Confessions de Luc Picard, et que ce dernier a été retardé à plusieurs reprises en raison de la pandémie, il a dû se contenter de cette sortie tardive. Il faut dire que Confessions et Crépuscule pour un tueur partagent beaucoup de similitudes. Déjà, les deux sont des films de gangsters qui s'inspirent de l'histoire d'un criminel québécois ayant déjà existé, même que les deux sont encore vivants.
Crépuscule pour un tueur s'intéresse à Donald Lavoie, un tueur à gages redoutable qui travaillait pour le chef de la pègre du Sud-Ouest de Montréal, Claude Dubois. Le film suit les dernières années de sa vie de criminel. Après qu'une jeune recrue l'ait compromis dans un double meurtre, Donald échappe de peu à la police grâce aux avocats chèrement payés du clan Dubois. Mais, le sergent-détective Patrick Burns n'a pas dit son dernier mot. Il souhaite convaincre Donald Lavoie de devenir délateur.
Éric Bruneau livre une brillante performance dans ce rôle composite de méchant étrangement attachant. Benoît Gouin se révèle aussi extrêmement convaincantant dans la peau d'un dangereux criminel, l'un des plus puissants de cette époque. Sylvain Marcel, de son côté, confère une prestance et un caractère à son sergent-détective qui le rend irrésistible. Son personnage renferme d'ailleurs une pointe d'humour noir bienvenue. Le film en entier, d'ailleurs, contient quelques brides de sarcasme bien placées. Une scène, entre autres, où Donald Lavoie élimine - de façon inattendue - un allié, engendre un rire franc malgré la violence de la scène.
Le réalisateur Raymond St-Jean ne se censure pas quant à la dureté de certaines scènes, mais n'extrapole pas non plus la violence pour en faire un spectacle. Il tend vers la vérité. D'ailleurs, sa reconstitution historique, bien qu'économe, épate. Les décors et les costumes nous plongent au coeur des années 1970. La trame sonore permet aussi aux cinéphiles de s'immerger dans l'époque avec des chansons telles que « J'entends frapper » de Michel Pagliaro, « Danser danser » de Nanette Workman et « Mes blues passent pu dans' porte » d'Offenbach.
Les personnages secondaires manquent peut-être un peu d'amour et de chair autour de l'os pour élever l'histoire et le film, mais il ne fait pas de doute que Crépuscule pour un tueur saura charmer tous les amateurs du genre.