Crash est un film criant. Criant de vérité, criant de douleur, criant de détresse. Crash est aussi un film brillant. Brillant de vérité, brillant de douleur et... brillant de détresse.
Crash, un film de Paul Haggis, le scénariste de Million Dollar Baby, examine les relations interraciales dans la ville de Los Angeles. Les destins de personnages tous différents, allant du procureur général à un réparateur de serrure, en passant par le tenant d'un magasin, s'entrecroisent sur fond d'intolérance raciale, là où tout le monde est la cause de nos infortunes à cause de sa couleur, là où la mauvaise volonté est ethnique, là où la douleur est universelle. Un mélange de couleur loquace, un fond orange, et bleu et rouge et jaune au-dessus d'un fleuve de tourments et là, sur une passerelle, un homme avec les mains sur les joues, qui crie.
Haggis fait de son scénario sa force principale – évidemment! – en mettant en scène des personnages multidimensionnels, jamais simples, toujours imprévisibles. La paranoïa installée par le réalisateur – même si elle n'est pas toujours convaincante – pousse d'ailleurs aux actions les plus improbables ces personnages que l'on croyait avoir cerné. Il faut avouer cependant que certaines des décisions qu'ils prennent sont franchement difficiles à accepter, qu'elles sont irrationnelles et difficilement justifiables. La pression n'explique pas tout, et cet aspect du film devient son principal accro. Le scénario, donc, est bien construit et complet. Il a un rythme solide, sait conserver l'intérêt du spectateur et intègre bien chacune de ses histoires.
Les acteurs sont excellents, à la fois brutaux mais si doux, à la fois si fort et si vulnérable. Don Cheadle est efficace, Michael Peña particulièrement touchant, Terrence Howard passe brillamment de la soumission à la résistance. Le scénario leur permet de se développer à leur guise et les dialogues aident à bien comprendre les personnages. Si les motivations sont la plupart du temps muettes, les émotions et le désarroi sont bien réels, immanquables.
La réalisation de Haggis n'est pas particulièrement créative, et c'est tant mieux. Il faut savoir choisir l'aspect principal de son film, cette fois-ci la réalisation s'efface pour laisser place aux croisements du scénario et à la performance des acteurs. Deux scènes retiennent en particulier l'attention, les deux saturées de tension latente. Une scène touchante où une petite fille sauve son père – en fait deux – et une scène où la dévotion d'un policier pour son travail, hier si impertinente, devient salvatrice. Un film et une réalisation tout en dualité.
Dans un film où les rôles s'inversent, les personnages portent avec eux ce message de tolérance qui résonne dans les dialogues de Crash. Une réalisation efficace, des acteurs prenants, un scénario mature et accompli sont aussi disparates que des races, ils ne se mélangent pas sans friction. Pourtant, Haggis parvient à les joindre donc à faire un film qui a toutes ces qualités. Pour ces raisons, Crash est un cri qui ne peut rester sans écho.
Crash est un film criant. Criant de vérité, criant de douleur, criant de détresse. Crash est aussi un film brillant. Brillant de vérité, brillant de douleur et... brillant de détresse.
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