Il y a quelques années prenait l'affiche One Cut of the Dead de Shin'ichiro Ueda, une oeuvre brillante tournée en huit jours pour la modique somme de 25 000$ et qui allait devenir culte, remportant un immense succès partout sur son passage (au Québec, on a pu la découvrir à Fantasia). Voilà que son remake français Coupez!, qui a ouvert le dernier Festival de Cannes, débarque sur nos écrans.
Le long métrage ressemble beaucoup à son modèle japonais, reprenant la même structure en trois actes. Le tout débute par un hommage à la série Z et aux créations de zombies plus précisément. Une introduction assez délicieuse, survoltée à ses heures, dont les incongruités seront expliquées par la suite. Des individus sont réunis dans un lieu désert où les morts semblent littéralement revivre. Place au carnage!
Puis le temps remonte et on découvre qu'un cinéaste (Romain Duris) a accepté de réaliser ledit film de zombies pour impressionner sa fille. Cette partie plus sentimentale et explicative, qui traîne quelque peu en longueur, porte sur la création d'un objet cinématographique, ses joies et ses peines, avec des acteurs qui se prennent un peu trop au sérieux, des techniciens blasés, des producteurs envahissants, etc. Une véritable leçon sur le septième art qui, sans atteindre les sommets du genre (où trône toujours La nuit américaine de François Truffaut), demeure satisfaisante.
Le clou du spectacle est le troisième et dernier tronçon, le plus désopilant du lot, où le cinéphile est convié à assister à l'arrière du tournage. Les gaffes, les improvisations et les situations incroyables défilent à l'écran, rappelant qu'un film voit le jour grâce au travail collectif de son équipe. Il faudra pour cela une bonne dose d'énergie, de préparation, de talent... et de chance!
Il n'est pas surprenant de découvrir Michel Hazanavicius aux commandes. Ce grand admirateur du pastiche (on lui doit notamment Le redoutable sur Jean-Luc Godard et l'oscarisé The Artist) aime jouer avec la matière existante... surtout si elle flirte avec le cinéma. Il s'amuse comme un petit fou avec cette franche rigolade réglée au quart de tour, sa plus drôle depuis le premier épisode de OSS 117. De quoi faire oublier ses pénibles The Search et Le prince oublié.
Ce sont ceux et celles qui n'ont pas vu la première mouture qui risquent d'en soutirer le plus de plaisir, découvrant un projet unique qui joue à fond la mise en abyme. Les autres se sentiront en terrain connu, un peu trop circonscrit, dont les ajouts n'ajoutent pratiquement rien. Au contraire, le budget plus confortable enlève le charme trash de l'original (et ce, même si la mise en scène compétente offre un superbe plan séquence en lever de rideau), alors que l'inclusion d'acteurs connus empêche la pleine identification du spectateur.
Tous les comédiens en mettent volontairement trop, ce qui étonne, séduit et finit par exaspérer. C'est le cas de Romain Duris, hystérique, qui devient vite insupportable. On lui préférera Bérénice Bejo, hallucinante en épouse qui s'adonne aux arts martiaux, Finnegan Oldfield, véritable tête à claques en vedette snob, et Grégory Gadebois, irrésistible en nounours qui abuse de l'alcool au mauvais moment.
Véritable lettre d'amour envers le septième art, Coupez! demeure un divertissement ludique et agréable, répétitif et oubliable, qui donne le goût de découvrir son modèle, nettement plus révolutionnaire. Au moins, le résultat final fait rire et tient la route, ce qui est plutôt rare quand il est question de remake.