Je l'avoue (un peu honteusement), j'avais beaucoup d'attentes envers Pain and Gain. Cette histoire vraie de trois criminels culturistes de Miami qui décident un bon matin de kidnapper un millionnaire pour l'escroquer et, par la suite, de prendre son argent et ses biens dans le but d'accomplir leur rêve américain, m'amusait beaucoup. Ce n'est pas tout à faire le genre de production qui sied à Michael Bay - plutôt associé à des films d'action à grand déploiement et aux nombreuses explosions -, mais on s'imaginait qu'il pouvait mener à bien un projet du genre et il a largement dépassé nos attentes. Sa caméra, parfois intrusive, parfois détachée, nous entraîne agilement dans cette histoire farfelue que l'on doit nous répéter être inspirée de faits réels à deux reprises dans le film tellement elle paraît absurde et inconcevable.
La comédie noire plonge directement dans l'action, après une description concise des protagonistes et un aperçu de leurs bêtises, mais, rapidement, le rythme ralentit et les séquences obsolètes (dont une, plutôt champ gauche, d'une réunion de surveillance de quartier) s'accumulent. Les arrêts sur image et les sous-titres informatifs (et amusants) apportent définitivement une légèreté à l'oeuvre qui aurait, avouons-le, pu devenir plus lourde que drôle (ces gars ont tout de même découpé des corps avant de les mettre dans des barils qu'ils ont lâchés dans un marais). Même que ces éléments plus ludiques de post-production auraient pu être encore plus présents à l'écran, devenir un style plus assumé plutôt que de n'être qu'un clin d'oeil.
Le scénario laisse place à des répliques délicieuses telles que : « J'ai regardé un tas de films Paul, je sais très bien ce que je fais » et « Quand tout ça sera fini, on ira faire du camping ». Conservant constamment son ton humoristique même dans les scènes plus graves (par exemple : ils brûlent des mains dans un barbecue pour effacer les empreintes de leurs victimes), les textes apportent définitivement cet aspect déphasé, légèrement déconcertant, qui fait la force de Pain and Gain. Le fait de répéter constamment que ces hommes tentent bêtement d'accomplir leur rêve américain, engendre une certaine dérision face aux valeurs américaines bienvenue au sein de la production et même, du cinéma hollywoodien en général.
Mark Wahlberg et Anthony Mackie sont crédibles (un mot tout de même difficile à associer à ces personnages invraisemblables) et compétents dans leur rôle respectif, mais - étrangement! - c'est Dwayne Johnson qui donne la performance la plus mémorable. L'ancien lutteur n'avait jamais vraiment su prouver ses aptitudes d'acteur dans ses films précédents, mais il est ici hilarant et, même, attachant. La naïveté de son personnage est transparente et sa spontanéité étonne et charme à tout coup.
Pain and Gain n'est pas aussi percutant qu'il aurait pu l'être, mais s'avère tout de même un divertissement plus valable que la plupart des films d'enlèvement. Cette histoire devait être adaptée au grand écran, si ce n'est pour montrer ce que « le rêve américain » peut engendrer. Parce qu'après tout : « Avec un corps parfait, il faut un tas d'argent »; c'est une évidence, non?