Ces dernières années, Steven Soderbergh s'est lancé dans l'« expérimentation » avec son diptyque historique sur Che Guevara, qui avait fait sa marque à Cannes, ou sa réflexion imagée sur le monde des escortes avec The Girlfriend Experience, qui avait quant à lui connu une sortie discrète et limitée dans quelques villes du monde. C'est peut-être cette escale dans un univers moins formaliste qui nous pousse à remettre en question l'intérêt créatif et artistique de Contagion. Sans être anonyme - comme tant de productions américaines contemporaines - le nouveau film du réalisateur de Traffic, s'avère (étrangement) quelconque. Un qualificatif que nous n'avons pourtant pas l'habitude d'attribuer aux oeuvres de Soderbergh. Celui qui réussit généralement à nous transporter, à nous convaincre, échoue ici lamentablement sa mission d'effrayer le public et de peut-être ultimement de l'amener à se questionner sur les comportements humains face à une épidémie mondiale et mortelle.
Les premières minutes de la production toute étoile - Jude Law est probablement celui qui se démarque le plus au sein de ce groupe de brillants acteurs - se révèlent pourtant très intrigantes. Sous des rythmes de musique électronique, le cinéaste nous met en contexte avec justesse et parcimonie en nous dévoilant toutes les choses avec lesquelles nous entrons en contact dans une journée et qui peuvent nous être fatales en situation de pandémie. Même si on questionne le véritable intérêt des gros plans sur les gens contaminés - qui apparaissent de manière sporadique -, la qualité de la réalisation reste tout de même méritante et le choix des différents filtres de couleurs (bleu-gris, jaune-orange) donne une perspective irréelle à cette planète en déconfiture.
Mais rien dans ce Contagion ne nous permet d'affirmer qu'il se différencie de toutes les autres productions sur le sujet. À cet égard, Blindness de Fernando Meirelles était probablement bien meilleur, principalement parce qu'il parvenait à nous effrayer, à nous mettre à redouter une infection de quelconque sorte. Le réalisme de Contagion - notamment dans ses fondements scientifiques, politiques et sociaux - est probablement son pire défaut et sa plus grande qualité. Même si elles nous permettent de nous identifier, de nous amener à nous sentir concernés par le drame, l'authenticité et le pragmatisme de l'oeuvre nous empêchent à la fois de craindre l'irruption d'un tel virus et donc elles finissent par nous immobiliser au titre de témoin, de simple spectateur (alors qu'une oeuvre comme celle-là aurait dû nous, à tout le moins, nous inquiéter).
Contagion, même s'il développe certains aspects forts intéressants au sein d'une épidémie planétaire (des journalistes véreux, des dirigeants qui font passer leurs familles avant le peuple, des scientifiques bloqués dans leurs recherches par le gouvernement, des soulèvements populaires, etc.) ne réussit guère à se démarquer de la masse. Dommage pourtant, parce qu'il est vrai qu'après avoir vécu l'affolement du H1N1, la table était mise pour une bonne pandémie cinématographique à la sauce hollywoodienne... Ce sera pour la prochaine fois.
Sans être anonyme - comme tant de productions américaines contemporaines - le nouveau film du réalisateur de Traffic, s'avère (étrangement) quelconque. Un qualificatif que nous n'avons pourtant pas l'habitude d'attribuer aux oeuvres de Soderbergh.
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