Le monde criminalisé québécois a été peu exploité au cinéma. Et pourtant, il y a là un énorme bassin d'histoires intéressantes. Luc Picard a su voir le potentiel de ce terreau fertile, et a choisi de s'attaquer à un personnage clé (et pourtant méconnu) de la guerre des motards des années 1990 et 2000 : Gérald Gallant. Ce petit homme bègue vivant dans un quartier paisible avec son épouse pieuse était l'un des tueurs à gages les plus prolifiques de son époque, ayant assassiné plusieurs haut gradés des Hells Angels, de la mafia et du crime organisé. Il s'agit définitivement d'un rôle en or pour le brillant acteur qu'est Luc Picard.
Sans surprise, le comédien s'acquitte de sa tâche avec brio. Il livre ce rôle avec toute la nuance dont on le sait capable. Son Gérald Gallant n'est ni trop sympathique ni trop apathique. Comme Luc Picard agit également ici à titre de réalisateur, on doit aussi applaudir la qualité de sa mise en scène, son montage pertinent et sa formidable direction d'acteurs. Sa distribution a été intelligemment sélectionnée afin de bâtir un récit plus vrai que nature.
On retrouve des visages que nous n'avons pas nécessairement l'habitude de voir au grand écran, comme Emmanuel Charest ou Jean-François Boudreau, mais aussi des noms plus connus comme Maxim Gaudette, Bobby Beshro ou Louise Portal. David La Haye s'avère, très certainement, celui qui se démarque le plus. Son personnage, l'acolyte excentrique et flamboyant de Gérald Gallant, subit souvent les remarques désobligeantes de ses pairs en raison de son orientation sexuelle. Il forme un duo exceptionnel avec Gallant, qui est placide, timide, taciturne, donc, tout l'opposé de lui. Sandrine Bisson mérite aussi des éloges pour son interprétation sans faille de la nouvelle flamme de Gallant, sa Bonnie.
Bien que le suspense soit sombre et souvent dur, le réalisateur a su incorporer quelques touches d'humour noir bienvenues qui allègent un peu la proposition tout en lui affublant une personnalité singulière. La musique composée par Daniel Bélanger vient également parfaire le caractère distinctif de l'oeuvre. Il faut aussi souligner la qualité exceptionnelle de la reconstitution historique, qui nous replonge dans les années 1990 avec justesse. Reproduire une décennie près de nous est plus ardue qu'on pourrait le croire, et la direction artistique de Confessions a fait un travail remarquable pour nous ramener en arrière.
Confessions est une oeuvre extrêmement bien ficelée, qui captive du début à la fin. Comme Podz l'avait fait avec Mafia Inc, on nous plonge dans une criminalité proche, aussi riche et séduisante que celle des Italiens ou des New-Yorkais.