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Train-train russe.
On a parfois vraiment du mal à comprendre les jurys des grands festivals et leurs prix. Mais cette année, c’est vraiment flagrant bien que tout cela reste très subjectif et propre à chacun et que la politique s’invite parfois dans les palmarès. Hormis la Mostra de Venise qui a couronné à raison l’excellent « L’Évènement », les deux autres grands festivals européens nous ont laissé dubitatifs. En effet, l’Ours d’or de Berlin a été remis à l’horrible et désagréable « Bad luck banging or loony porn », censé être un miroir de notre époque (!). Quant au Festival de Cannes il a accouché d’un palmarès incohérent pour beaucoup mais pas forcément incompréhensible, vu le peu de qualité de la sélection de cette année. Disons que certaines des récompenses (dont la Palme d’or au très original film de genre « Titane ») ont surpris voire déçus dans les grandes lignes. Mais si le film de Julia Ducornau n’avait certes pas la carrure pour la récompense suprême, il restait une proposition de cinéma radicale et intéressante. En revanche de donner le Grand Prix du Jury à « Compartiment numéro 6 » fait partie de ces étrangetés. Ce n’est pas un mauvais film ou un film raté mais disons qu’il est plutôt insignifiant et que la sélection avait bien plus probant pour un tel prix (le choc social et comique « La Fracture » par exemple). Pour être moins sévère, on peut dire que cette œuvre russo-finlandaise ne casse pas trois pattes à un canard et qu’on peut facilement passer à côté de sa poésie revendiquée ou de son souffle romanesque.
Un train. Deux inconnus. Une rencontre dans un contexte polaire. Et voilà rien de plus au programme. On connaît la chanson et ce film ne la transcende pas. On ne peut cependant nier qu’il y a des moments de grâce fugaces dans « Compartiment numéro 6 ». Mais ils sont plutôt rares. On pense notamment à la toute fin, vraiment sublime et peut-être le plus beau moment du film. Et on apprécie aussi le contexte rare dans lequel se déroule le film. Difficile de le marquer dans le temps (on suppose les années 90) mais l’espace est plus concret. Ce road-movie ferroviaire n’est pas son originalité première même si les films à bord d’un train sont plutôt rares. Non, c’est son contexte géographique qui frappe le plus la rétine. Les étendues glaciales du nord de la Russie sont si peu vues au cinéma qu’il s’en dégage un certain charme. On pense au très bon film, russe justement, « Leviathan » qui prenait place il y a huit ans dans ces contrées désolées mais en été. On peut aussi dire que l’interprétation du duo amoureux est de très bonne facture. Cependant si on enlève ces petites choses, il ne reste pas vraiment d’autres qualités à se mettre sous la dent. Le peu de péripéties qu’il y a ne passionne pas. C’est anecdotique et tout cela se traîne, on trouve vite le temps long. On pense que cela va se réveiller dans le dernier quart, hors du train, mais c’est pire. « Compartiment numéro 6 » ne bénéficie pas non plus d’une mise en scène mémorable et le tout s’avère très austère. C’est un film anodin dont la poésie ou les sentiments dévoilés nous sont passés totalement à côté. Pas proprement désagréable mais totalement dispensable.
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