Une comédie dramatique qui trouve le juste milieu entre le drame et la comédie. L'humour acide des personnages est abordé avec autant de sérieux que leur détresse psychologique, et sans moins de talent ou d'inventivité. Les comédiennes généreuses rendent justice au scénario, qui est aussi habile à faire rire qu'à émouvoir. Trois femmes, trois générations, trois actrices qui vont s'avancer dans la lumière tour à tour pour voler la vedette.
Clara s'occupe de sa mère mourante 24 heures sur 24. Quel choc lorsque cette dernière lui avoue « vouloir mieux la connaître »! Clara décide donc de prendre les grands moyens pour que sa propre fille, Bianca, puisse s'épanouir et vivre sa jeunesse. Mais Bianca est une sainte. Une sainte qui a une propension à séduire les hommes mariés et les amis de son père, jusqu'à ce qu'elle rencontre enfin un homme qui lui convient... mais qui n'a pas tout dit.
Le duo Émile Gaudreault/Steve Gallucio récidive avec une comédie grinçante, qui met d'abord en vedette le personnage de Véronique Le Flaguais, une grand-mère cynique et désabusée qui a son mot à dire sur tout, et qui est d'une cruelle honnêteté. Moribonde mais vive d'esprit, ses commentaires donnent le ton au film. Le Flaguais est inspirée et savoureuse, très juste et pince-sans-rire dans cette difficile retenue qui fait la comédie. Rien de plus drôle qu'un personnage qui ne sait pas qu'il est drôle.
Si l'humour passe habituellement par les archétypes, Comment survivre à sa mère évite cette redondance et mise sur le type d'humour à la mode : les phrases assassines et autres boutades. C'est encore relativement nouveau donc encore très efficace.
Puis, Caroline Dhavernas prend sa place directement dans l'éclairage sur la scène (le film devait d'ailleurs être une pièce de théâtre au départ) pour, elle aussi, montrer l'étendue de son talent. De sa sensualité incarnée à la vulnérabilité de son personnage, une adolescente un peu perdue - à la manière de ces jeunes qui grandissent trop vite et qui n'ont pas tout à fait le plein contrôle de leurs mouvements - Bianca ne connaît pas les torts qu'elle cause, et le personnage de Pierre (Christian Bégin), vient le lui rappeler. Le dénouement aussi, un drame qui demeure ludique.
Vient ensuite le tour d'Ellen David, actrice anglophone peu connue au Québec qui passe d'autant plus aisément d'un genre à l'autre qu'elle a le personnage le plus difficile à saisir du lot. Encore une mode, peut-être, ces personnages principaux qui subissent au lieu d'agir; toujours est-il que David est juste dans le deux registres. Quand Clara, aussi désemparée puisse-t-elle paraître, prend finalement sa place à l'avant-scène, elle a tous les outils nécessaires pour séduire. Les moments d'émotion sont lancés en l'air et laissés à la discrétion du spectateur, libre d'y plonger. Sans trop appuyer, le drame est pourtant là.
Croire que le film traite des aidants naturels ou de l'euthanasie serait complètement farfelu; Comment survivre à sa mère n'est pas un film « sur » quelque chose, mais bien « de » quelque chose. De femmes (pas de filles!), de situations, de famille... Un film bien servi par la réalisation d'Émile Gaudreault qui prouve qu'il a le sens du punch et la sensibilité nécessaire pour laisser toute la place aux femmes de son histoire. Elles se complètent et prouvent une fois pour toutes que la trinité est une femme.
Une comédie dramatique qui trouve le juste milieu entre le drame et la comédie. L'humour acide des personnages est abordé avec autant de sérieux que leur détresse psychologique, et sans moins de talent ou d'inventivité. Les comédiennes généreuses rendent justice au scénario, qui est aussi habile à faire rire qu'à émouvoir. Trois femmes, trois générations, trois actrices qui vont s'avancer dans la lumière tout à tour pour voler la vedette.