Le problème le plus courant des comédies romantiques est l'abondance - inutile - de stéréotypes et de banalités prévisibles. Le fait d'éviter la plupart des clichés du genre ne fait pas de Comment savoir une oeuvre extraordinaire, mais elle en fait très certainement une production rafraîchissante, même intelligente. Le jeu des acteurs est habilement ingénu et sincère, tout comme le scénario. Malgré les quelques flottements narratifs et les développements inutiles, le film suscite des réflexions (ou tout le moins des interrogations) pertinentes et nous donne une vision différente de ce style qui se réinvente rarement.
Lisa, une joueuse professionnelle de softball, vient tout juste d'apprendre qu'elle n'est pas admise dans l'équipe américaine cette année à cause de son âge trop avancé (31 ans). Malgré le fait qu'elle soit une femme extrêmement positive et joyeuse, cette nouvelle la rend triste et perplexe. Elle tente de trouver le réconfort dans les bras de son petit ami Matty, un joueur de baseball inhabile dans les relations à long terme. Elle rencontre alors un homme, nommé George, aux prises avec de graves problèmes personnels et professionnels qui pourrait lui valoir quelques années de prison. Les trois complices de ce triangle amoureux tentent de survivre malgré leurs échecs respectifs et apprennent involontairement beaucoup de choses à travers les deux autres.
Dans Comment savoir, il n'y a ni bons, ni méchants, que des êtres humains faisant de leur mieux pour trouver un moyen d'améliorer leur existence, même dans les pires instants. On ne tente pas de nous gaver d'une morale assommante - et la plupart du temps illusoire - à grand coup de « si tu veux tu le peux » et « crois en toi », on ne fait que nous raconter l'histoire de trois personnes très différentes qui vivent des ennuis notables, mais pas irrésolubles (évidemment la clé de ce récit intimiste qui ne se termine pas par un mariage grandiose et la révocation de tous les soucis). Au contraire de la plupart des oeuvres sentimentales, la musique n'est pas omniprésente et étouffante, c'est plutôt le silence qu'on a choisi pour remplir les moments les plus puissants narrativement. On n'entend donc ni Jennifer Lopez ni Taylor Swift nous débiter une pluie d'évidence et de médiocrité sur l'amour. Un grand soulagement.
Quelques longueurs et plusieurs futiles élaborations auraient par contre allégé davantage l'histoire qui, même si originale, est tout de même saturée de problèmes et propose peu de solutions. L'humour et le drame sont généralement bien calibrés. Les scènes empreintes de tragédies et de mélancolie sont adoucies par la comédie alors que les moments les plus amusants sont modérés par les épreuves critiques de chacun des personnages. La construction de chacun d'eux a d'ailleurs été bien réfléchie. Ils ne sont ni prévisibles, ni topiques; ils sont, tout simplement.
La performance des trois acteurs principaux en est également pour beaucoup dans la réussite de ce film. Reese Witherspoon, Paul Rudd et Owen Wilson nous font oublier leurs rôles précédents (les trois ont été très présents dans l'univers cinématographique ces dernières années) pour nous faire découvrir de riches et inspirants protagonistes. Leur jeu va au-delà de la simple interprétation, ils nous livrent un message sans nous l'enfoncer profondément dans la gorge.
Comment savoir est une preuve tangible que le cinéma américain n'applique pas toujours une recette limpide et facile qui a été un gage de succès par le passé. Il peut leur arriver, dans un instant de folie, au cours d'une « amnésie passagère » (pour citer le film) d'oublier les principes fondamentaux et d'opter pour la simple inspiration. Bénis soient ces moments...