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Super-héros made in France.
Après l’Italie avec le raté « On l’appelle Jeeg Robot » ou l’Allemagne avec le plus humble mais anecdotique « Les Phénomènes », la France se lance également dans une tentative honorable et ambitieuse de film de super-héros. Louable et plus réussie que ses cousins frontaliers, « Comment je suis devenu super-héros » souffre pourtant indubitablement de la comparaison inévitable avec ses homologues d’outre-Atlantique, Marvel et DC Comics en tête. Forcément et de façon prévisible, le film ne soutient pas la comparaison avec eux. Et il est difficile d’en faire l’abstraction, de mettre de côté ce qui a déjà été fait dans le genre après près de quinze ans de super-héros en tous genres et d’univers partagé sur le grand et le petit écran. Peut-être que ce film arrive trop tard ou que, comme pour les films de genre, l’Hexagone n’a pas les propriétés culturelles pour offrir un film d’une telle envergure qui soit à la hauteur de ses modèles.
Car, en effet, plutôt que de se démarquer totalement, cet essai tente de trouver sa propre voie tout en d’inspirant de ce qui a déjà été fait ailleurs dans un entre-deux hybride mais parfois inabouti. Ça fonctionne parfois mais cela s’avère aussi raté à d’autres moments. On frôle même parfois le ridicule lors de certaines séquences comme celle où un trio de super-héros costumés par un magasin de déguisements kitsch viennent sauver la veuve ou l’orphelin ou celle lorsque la mythologie super-héroïque tente de se fondre dans l’environnement des cités chaudes françaises. On a du mal à savoir pourquoi mais ça ne fonctionne pas, notre esprit étant peut-être inconsciemment trop formaté à certains codes établis du genre et par ce qui a déjà pu être fait et avec bien plus de moyens et de métier ailleurs. Peut-être aussi que faute de véritable innovation, un projet comme celui-là nécessitait un budget à l’égal ou proche des blockbusters américains. Ici on sent un gros manque d’action et de scènes spectaculaires de manière évidente. C’est certainement pourquoi le long-métrage prend la forme d’une enquête policière classique. Et les touches d’humour, très franchouillardes et pas forcément solubles avec la tonalité du film, pêchent par leur lourdeur les deux tiers du temps.
Cependant, « Comment je suis devenu super-héros » étonne aussi sur pas mal de points et montre à quel point il y a du potentiel dans ce film de Douglas Attal. Les effets spéciaux, pas trop voyants, sont plutôt réussis et l’univers visuel du film est pertinent à défaut d’être transcendant ou inédit. La réalisation a de l’ampleur et l’image est agréable, c’est déjà un bon point. Même constat pour l’intrigue qui n’est pas révolutionnaire mais tient assez en haleine pour convaincre et surprendre. Tout cela est rythmé et le côté hétéroclite du casting s’avère une gageure et aboutit étonnement sur un rendu homogène. Vimala Pons est la vraie révélation du film et la dégaine de Pio Marmaï sied bien à ce super-héros qui s’ignore. Ce n’est pas transcendant il faut l’avouer mais assez plaisant pour être encourageant. Cependant, on a vraiment l’impression que le film de super-héros s’avère être un momopole américain un peu comme les comédies musicales de Bollywood sont le pré-carré de l’Inde.
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