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Spring Greek.
La première partie de “How to have sex” est trompeuse et pourra en faire capituler plus d’un... En effet, en dépit d’une manière de filmer très naturaliste voire conforme à tout un pan du cinéma indépendant américain actuel et passé qui ne colle pas forcément avec ce qui est montré, on se croirait dans un vulgaire teen-movie ou film de fête à l’américaine. En gros, trois filles viennent fêter la fin de leurs examens en Crête avec en tête l’idée de perdre leur virginité. On assiste donc à leur arrivée dans l’hôtel et à leurs beuveries (sacrément corsées) et leur rencontre avec une bande de garçons de la chambre voisine. Alcool par litres, musique assourdissante, vomi et tout ce qui s’en suit ne vont donc pas nous être épargnés. Pas forcément intéressant voire même plutôt déplaisant? En effet, mais Manning Walker se sert de cette première partie, qui s’avère tout de même très conforme aux us et coutumes d’une certaine jeunesse actuelle en perte de repères et qui aime se démolir, pour préparer un second acte bien plus cruel et complexe qu’il n’y parait. Un passage obligé, au final réaliste, qui permet donc de préparer intelligemment la suite en nous prenant à contrepied.
Car oui ce premier film de la cinéaste est une belle surprise qui s’est vue attribuer un Prix du Jury mérité dans la section Un Certain Regard cette année. Il eut donc été étonnant que « How to have sex » se résume à un banal film de jeunes qui font la fête à la « American Pie » ou « Projet X ». Car au détour d’une soirée quelque chose de trouble va se passer. Quelque chose qui va nous être montré petit à petit, par flashbacks, faisant basculer le film dans quelque chose de tout aussi inconfortable que le début mais pour d’autres raisons. Tara, l’une des jeunes filles, revient après les autres d’une nuit de beuverie avec un comportement distant. À partir de là, on entre dans le territoire intime et féminin avec beaucoup de finesse, de d’acuité et de profondeur. Et ce petit film très malin de nous réserver une charge bien plus fine et percutante sur le consentement que ce qu’on a l’habitude de voir actuellement. On nous montre adroitement que le viol peut avoir bien des facettes et que les zones grises et la perception de chacun peuvent avoir des conséquences troubles et terribles sur une jeune fille. Le plan sur la ville de Malia au petit matin sali par une nuit d’excès en tous genres est symboliquement puissant d’ailleurs à ce niveau. C’est l’une des petites touches visuelles qui rendent l’ambiance étrange et presque malaisante dans la seconde partie.
Une partie qui va donc s’attaquer par petites touches, signifiées par des regards, des petits gestes, des hésitations ou encore des évitements à nous montrer les conséquences d’un double acte sexuel pas vraiment consenti. Heureusement, « How to have sex » ne met pas tous les garçons dans le même panier, nuançant habilement son propos avec un personnage masculin droit et empathique. La jeune Mia McKenna-Bruce dans le rôle principal est étincelante et brille par sa justesse de jeu, que ce soit en jeune adolescente fêtarde et maligne qu’en victime taiseuse d’abus. On ressent le fait qu’elle soit perdue, qu’elle ne sache pas comment réagir ni se comporter après ce qui lui est arrivé. Les silences sont percutants dans ce film, plein de sens. C’est comme si le film nous faisait passer par les différents stades d’une fête, des débuts à s’ambiancer, aux folies de la nuit en passant par la gueule de bois du lendemain. Et cette œuvre pertinente et juste de se terminer par une séquence forte qui passe de l’émotion à l’espoir avec un message simple et important : ne jamais garder le silence lorsqu’on a vécu une telle expérience. Une réussite que ce petit film bien plus profond qu’il n'y parait de prime abord.
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