Source Code est gorgé d'illogismes, d'absurdités, d'incohérences techniques et même narratives, mais la qualité du suspense, la justesse de la cadence à laquelle on nous livre l'information et la finesse de la réalisation nous permettent d'omettre ces discordances pour nous concentrer sur l'intrigue, sur l'ensemble de l'histoire et non pas sur ses détails. Beaucoup d'oeuvres tentent cet exploit, mais peu y parviennent. Tout film de science-fiction prend racine dans une réalité ou un futur proche du nôtre, et bien que tous les médecins et les scientifiques vous diront qu'il est impossible de raviver ou d'exploiter de quelconque façon les cellules d'un cerveau mort (ce qui est le point d'appui principal du récit), nous assumons les prémisses afin de mieux embrasser l'intrigue - qui se tient généralement bien si ce n'est de ces quelques postulats douteux.
Le film, qui mélange (parfois maladroitement) les principes de réalités parallèles, d'univers interférents et de biologie moléculaire, raconte l'histoire d'un pilote d'hélicoptère de l'armée américaine en mission en Afghanistan qui se réveille dans un train en direction de Chicago. Après l'explosion inattendue de ce dernier, le soldat se retrouve dans une capsule d'isolation où une femme lui explique qu'il doit trouver le terroriste responsable de cet accident afin d'éviter qu'il récidive et assassine davantage d'innocents. Il est alors renvoyé dans cet univers chimérique où il doit interroger les passagers du train en huit minutes pour tenter de découvrir qui est le responsable de ce massacre (si vous êtes un peu perdu et déconcerté par la complexité de la trame narrative, rassurez-vous, c'est normal et même plutôt sain).
Deux histoires sont développées en parallèle; celle du soldat prisonnier d'une étrange coupole hermétique et celle de l'explosion mystérieuse d'un train de banlieue à Chicago. Les deux, évidemment interreliées, suscitent notre attention et cultivent notre intérêt. Le scénario trouve sa force principale dans l'intelligence, la perspicacité de son architecture; les éléments nous permettant de résoudre l'énigme (ou les énigmes) nous sont révélés avec diplomatie, au compte goutte, pour nous autoriser à émettre des hypothèses et à nourrir notre imagination et notre curiosité. Certains films n'ont pas obligatoirement besoin de soulever une réflexion ou d'encourager une introspection pour être considérés comme efficaces (même si on aurait peut-être apprécié que celui-ci exploite davantage le débat sur l'imprévisibilité de l'existence et la nécessité de profiter de celle-ci), il suffit d'une intrigue assez passionnante pour donner au spectateur la chance d'envisager, d'éprouver et d'ultimement proposer une solution.
Jake Gyllenhaal livre une performance tout à fait respectable - on est évidemment loin de son jeu grave et éloquent dans Brokeback Mountain mais on s'en satisfait - alors que sa complice à l'écran, Michelle Monaghan, brille par sa pureté et sa grâce toute naturelle. Ce long métrage, tourné en grande partie à Montréal, possède invariablement certaines lacunes - notamment au niveau de la complexité de ses assises et d'une finale débonnaire à la sauce hollywoodienne – mais, dans l'ensemble, le divertissement est réussi et le voyage est agréable; deux conditions essentielles au succès d'un blockbuster américain.
Source Code est gorgé d'illogismes, d'absurdités, d'incohérences techniques et même narratives, mais la qualité du suspense, la justesse de la cadence à laquelle on nous livre l'information et la finesse de la réalisation nous permettent d'omettre ces discordances pour nous concentrer sur l'intrigue, sur l'ensemble de l'histoire et non pas sur ses détails.