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Porc
Porc
Tout est bon dans le cochon.
Nicolas Cage se fourvoie depuis une dizaine d’années, à l’instar d’un Bruce Willis, dans des séries B au rabais ou des films d’action douteux destinés au marché de la VOD. Mais, parfois, il s’essaie aussi à un cinéma d’auteur plus risqué lui permettant de nous rappeler qu’il sait aussi être un bon acteur, comme avec « Mandy » ou « Joe » par exemple. Et « Pig » fait partie de cette catégorie, plutôt rare, où des acteurs en fin de carrière viennent nous remémorer au bon souvenir de leur talent. Et c’est peu dire que le sujet du film sort du tout venant de ce que l’on peut voir. On y voit un ermite chasseur de truffes partir à la recherche de sa truie truffière kidnappée! On se demande parfois d’où peuvent bien venir certaines idées à des cinéastes, surtout que c’est le premier film de Michael Sarnoski. Mais loin d’une comédie ou d’un simple thriller, comme le résumé pourrait le faire croire, c’est à un petit film d’auteur beau et simple et surtout plus proche du drame qu’on assiste. Tantôt doux, tantôt plus âpre, « Pig » nous parle de cuisine, de transmission, de deuil ou encore du bienfait de la vie solitaire. Et nous offre une morale évidente selon laquelle la compagnie des animaux est parfois bien plus méritoire et saine que celle des humains. En revanche, si le postulat de base semble tout droit sorti d’une série Z, le long-métrage est étonnement sage et classique. On aurait d’ailleurs aimé un peu plus de folie avec un tel sujet.
L’intrigue suit donc son cours avec un Nicolas Cage qui part à la recherche de son cochon et retourne à une vie urbaine fuie par des années de quasi solitude. Plus une étude de caractères ou la description d’une relation impromptue (entre le personnage hirsute de Cage et celui du jeune homme fortuné et fashion qui lui achète ses truffes) que véritable suspense concernant l’animal, « Pig » se suit avec un certain plaisir car on ne sait jamais où cette histoire va nous emmener. On aurait aimé que certains points soient davantage approfondis (la séquence avec le club de bagarre reste trop opaque par exemple) mais aussi que cette œuvre se risque parfois à plus de folie. Qu’elle soit visuelle ou narrative d’ailleurs. Sarnoski épouse plutôt une forme classique, naturaliste et apaisée, qui sied finalement plutôt bien à cette histoire. Préférant la suggestion et les non-dits à l’abondance de dialogues, le film nous cueille lorsqu’il épingle les nouvelles habitudes culinaires avec malice. Mais c’est dans le lent apprivoisement entre les deux personnages principaux que le film est le plus réussi, dans la phase de réconciliation plutôt que celle de la vengeance. Un film étonnant sur les plaisirs de la bouche donc, qui part de très loin pour arriver à son but de manière fluide et surprenante avec un Cage tout en sobriété. Une démonstration finalement simple via un script bien plus tordu que ne l’est son résultat, à la fois simple et trop timoré. Mais inclassable...
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