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Zéro pointé.
Commençons par le même problème que le précédent film de l’autrichienne Jessica Hausner, « Little Joe », pourtant autrement plus réussi : en effet, la musique - enfin l’accompagnement sonore - est encore une fois ici horripilante! Décidément, la cinéaste fait des choix vraiment particuliers niveau sonore, des choix qui nous agressent l’oreille plutôt que de la flatter et qui ne collent absolument pas à l’atmosphère du long-métrage. On a droit à des sortes de bruitages étranges constitués de cordes et de percussions, vaguement inspirés du folklore tibétain mais qui semblent davantage destinés à être stridents et agressifs qu’agréables pour le spectateur.
Ceci posé, la réalisatrice a un univers et des tics stylistiques reconnaissables qui se retrouvent encore une fois ici, entre froideur clinique des images, plans très travaillés et accessoirement assez lents ainsi qu’un décorum aseptisé. Un aspect visuel qui en vaut un autre et qui, il faut l’avouer, colle plutôt bien à son histoire. Ici, c’est une satire des nouvelles habitudes alimentaires telles que le véganisme, l’alimentation consciente et autres tendances à la mode ainsi que des écoles de riches et, à moindre mesure, de certains aspects du wokisme qu’elle nous propose. Très bonne idée me direz-vous, tellement cette idéologie prête à rire dans ses fondements les plus extrêmes...
Sauf que le traitement appliqué ici nous pousse plutôt à bailler et à regarder notre montre durant près de deux heures plutôt que de nous faire rire ou de nous bousculer, puisque cela semble être le but affiché du long-métrage, « Club zéro » étant présenté en sélection officielle à Cannes comme l’un des opus dérangeants de la sélection. Et bien comme « L’été dernier » de Breillat, rien ne nous choque et tout cela ressemble surtout à un pétard mouillé. Si la scène du vomi ravalé est celle qui est censée nous retourner le bide, elle est avant tout ridicule et inutile. On a aussi beaucoup de mal à savoir où se positionne la cinéaste sur le sujet qu’elle traite. On ne sait plus si elle le moque, nous invite à l’empathie ou passe à côté de l’aspect satirique prétendument annoncé. Quant à sa conclusion, pompée sur des œuvres géniales et, elles, vraiment malaisantes, telles que « L’Heure de la sortie » ou « L’Invitation », elle tombe comme un cheveu sur la soupe et détourne du sujet initial.
On peut aussi avancer que le personnage principal, celui de cette enseignante en nutrition mystérieuse, joué par Mia Wasikowska, manque d’un réel background. Et l’interprétation un peu trop décalée des enfants comme celle de leurs parents aboutit à une œuvre déconnectée du réel et qui par conséquent impacte moins le spectateur que prévu alors que des pathologies comme la boulimie, l’anorexie et le diabète demeurent des sujets sérieux. Quant au rythme de ce « Club zéro » il se rapproche justement de l’encéphalogramme plat. C’est mou et ennuyeux au possible en plus d’être répétitif dans ces séquences de cours comme lors de celles avec les parents. On a hâte que ce long-métrage neurasthénique et raté se termine et on peut dire que contrairement à son « Little Joe » du même acabit formel et raffiné, ici Hausner se plante et mérite un zéro pointé.
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