Close est le film événement de la dernière année. Grand prix à Cannes, nommé aux Golden Globes et aux Oscars, il s'agit d'une oeuvre inestimable à ne manquer sous aucun prétexte.
À l'image du précédent Girl (Caméra d'Or à Cannes en 2018) de son créateur belge Lukas Dhont, le long métrage explore la part d'ombre et de lumière de l'enfance. Cette fois par l'entremise de l'amitié entre deux garçons de 13 ans.
Le scénario d'une justesse inouïe fait la part belle aux non-dits, laissant la tendresse triompher. Celle qui rapproche et éloigne les corps et les âmes selon les contraintes de l'éducation et les conventions de la société. De la quête identitaire propre à cet âge de découverte, le récit d'apprentissage sensible et nuancé n'éclipse pas certains thèmes plus graves et même tabous. Le tout en respectant l'intelligence du spectateur, en suggérant plutôt qu'en montrant.
L'ensemble est donc en constante dualité. Entre le monde de la beauté, de la douceur, du désir, de l'amour et de ce sentiment d'ivresse des premières fois. Et entre celui de la noirceur, de la violence, du chagrin, de l'abyme et de la mort. Des sensations contradictoires se succèdent ainsi au tournant, nouant la gorge allègrement, faisant pleurer abondamment. Et qui fait ultimement triompher l'espoir et la renaissance, ouvrant la voie vers le dialogue, le pardon et la guérison.
La forme élaborée épouse parfaitement cette altérité. Le canevas de base s'inscrit dans la riche tradition du cinéma belge et particulièrement celui des frères Dardenne. Des enjeux sociaux et réalistes filmés à hauteur d'enfants, où l'on retrouve notamment en mère Émilie Dequenne, l'inoubliable Rosetta.
L'effort n'est pas gris et morose pour autant. Il est porté par une poésie et un lyrisme qui rappelle Terrence Malick, notamment lors des scènes dans la nature. Le symbolisme des saisons n'est pas le plus subtil, sauf qu'il finit par porter ses fruits. D'autant plus que la photographie est à couper le souffle. Puis il y a ce ton coloré et enivrant dans la façon de composer les personnages et les émotions qui peut rappeler en moins criard celui de Xavier Dolan.
Cette touchante histoire et la réalisation de haut calibre ne seraient pourtant rien sans les performances senties de tous les interprètes. Le jeune Eden Dambrine est tout simplement renversant dans le rôle principal, portant le film sur ses frêles épaules. Il est entouré de comédiens épatants, dont Léa Drucker qui surprend avec un contre-emploi dramatique.
Dans un monde idéal, Close aurait obtenu la Palme d'Or du dernier Festival de Cannes et il repartirait avec l'Oscar du Meilleur film international. Il s'agit d'un opus magnifique à bien des égards, qui malgré quelques élans plus appuyés, chavire le coeur en rapprochant le cinéphile du paradis. Voilà un titre pleinement accessible qui figurera à coup sûr dans notre palmarès de fin d'année.