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Pas toujours clair...
Au début, ce « Clair-obscur » peut paraître austère, froid et peu amène. Mais les choix formels qui donnent cette impression seront pleinement justifiés à mesure que le script déballe son sujet principal et ses ramifications. En somme, dans le New York des années 20 d’une Amérique toujours en proie à d’atroces crimes racistes notamment dans les États du Sud, deux anciennes amies métisses vont se retrouver par hasard. L’une assume sa couleur de peau tandis que l’autre se fait passer pour une femme blanche. Ces retrouvailles vont les impacter au plus profond d’elles-mêmes. Un sujet passionnant que Rebecca Hall, pour son premier film, aborde avec beaucoup de délicatesse et de pudeur, entrant profondément dans la psychologie de ces deux femmes. Peut-être trop parfois, ne laissant pas l’émotion parler d’elle-même. L’actrice anglaise vue dans des films indépendants comme le récent film fantastique « La Proie d’une ombre » ou encore le dernier Allen, « Un jour de pluie à New York, tout comme dans des blockbusters comme « Godzilla VS Kong » ou « Iron Man 3 » mais aussi beaucoup de films dits du milieu comme l’un des meilleurs Nolan, le méconnu « Le Prestige » ou encore l’excellent thriller « The Gift ». Une filmographie variée pour cette comédienne issue du théâtre osant une œuvre qui dissèque l’intime et développe des thèmes très forts tels que l’appartenance à une communauté, le racisme, la jalousie ou encore la notion d’identité.
Si le noir et blanc peut sembler à la mode en cette période avec les récents « Belfast » ou « Nos âmes d’enfants », ici c’est paradoxalement et à la fois celui qui rend le moins joli mais qui est aussi le plus pertinent. En effet, ce choix visuel brouille encore plus les pistes quant à la couleur de peau de ces deux femmes en les mettant finalement presque sur un pied d’égalité et en faisant ressortir la bêtise de la question raciale par le biais de ce choix de couleur, tout en nuances de noir et blanc. Très judicieux. En revanche le format carré ne s’imposait pas et donne une impression d’étriqué à ce long-métrage d’une intelligence et d’une finesse indéniables. Les deux actrices sont excellentes mais Tessa Thompson a bien plus à jouer et s’en donne à cœur joie, nous faisant ressentir toutes les peurs, les remises en question et les interrogations de son personnage. Le problème est qu’à trop se focaliser sur l’intime et favoriser l’intériorisation des émotions, on ne ressent pas grand-chose. Et le trop-plein de psychologie rend parfois « Clair-obscur » nébuleux sur le fond et sur les intentions de la cinéaste. On est donc face à un drame troublant et très feutré mais pas toujours accessible en plus d’être ténu sur sa finalité. Mais il permet de poser pas mal de questions essentielles qui peuvent toujours faire écho à l’heure actuelle. Un joli drame plein d’humilité et aux questionnements forts mais qui pourra en laisser certains de côté par son aspect très académique et appliqué malgré un superbe et triste final.
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