L'Halloween s'annonce pauvre en frissons pour les amateurs de films d'horreur. Après le retour plus ou moins convaincant de Saw X et le décevant The Exorcst: Believer, c'est au tour du pitoyable Five Nights at Freddy's de prendre l'affiche au cinéma.
Inspiré des jeux vidéo du même nom, le récit avait tout de la série B jubilatoire. Un gardien de nuit (Josh Hutcherson) découvre que des créatures robotisées s'animent et qu'elles sont particulièrement violentes!
Le concept rappelle le récent Willy's Wonderland (2021), où un Nicolas Cage mutique affrontait des animatroniques assoiffés de sang. Ce long métrage psychotronique n'était pas un bon film, mais il s'avérait un plaisir coupable assez rigolo et divertissant avec ses couleurs criardes et sa bande sonore endiablée.
À partir d'un sujet complètement absurde, le scénario écrit à six mains de Five Nights at Freddy's (dont celles de Scott Cawthon, le créateur du jeu vidéo) se prend beaucoup trop au sérieux et il regorge de répliques ridicules. Le héros est sujet à des cauchemars récurrents : son jeune frère s'est fait enlever sous ses yeux et il souffre de ce traumatisme pendant tout le film. D'ailleurs, la plupart des personnages sont mal dans leur peau, et il est même question de fantômes qui viennent hanter le présent.
Ce ton s'agence mal à l'ensemble, brimant constamment le rythme, empêchant les éléments plus saugrenus de prendre leur envol. Pourquoi chercher à tout expliquer, à donner une valeur psychologique à des individus en une dimension et à souhaiter leur catharsis s'ils doivent, au final, combattre des mascottes robotisées qui prennent la forme d'animaux?
Ces dernières rendent rapidement inconfortables. Ils évoquent des souvenirs d'enfance oubliés, ce passé refoulé qui devient troublant lorsqu'on y repense. Le travail de la Jim Henson's Creature Shop leur donne vie d'une brillante façon, et ces créatures ne laisseront personne indifférent.
Elles ne sont pourtant jamais utilisées correctement. L'ensemble aurait pu être à la fois sombre, hilarant et terrifiant, tenant en haleine de la première à la dernière image. Au lieu de ça, le résultat final est ennuyant, lassant et sans grand intérêt, créant un amalgame disparate d'éléments hétéroclites. Rien ne fait sens à l'écran, et l'effort à la fois brouillon et grotesque s'enfonce jusqu'à un point de non-retour. Mêmes les fans du jeu vidéo risquent de ne pas y trouver leur compte.
Découverte par l'entremise de l'efficace The Wind (2018), Emma Tammi offre une mise en scène limitée, comme s'il s'agissait d'un simple film de commande. Il y avait pourtant matière à explorer l'espace où se déroule l'action (on ne se sent jamais comme dans un huis clos) et les zones d'ombres en place, au lieu de toujours offrir les mêmes sursauts gratuits. Au moins, la musique de The Newton Brothers (le compositeur fétiche du cinéaste Mike Flanagan) demeure bien intégrée aux péripéties.
Josh Hutcherson passe le long métrage dans un état second, et son jeu monolithique peine à convaincre. Quel dommage de faire appel à l'iconique Mary Stuart Masterson pour lui offrir un rôle aussi terne de tante en colère, alors que la seule présence de Matthew Lillard est là pour évoquer le classique Scream. Dans le lot, seule la jeune Piper Rubio semble s'amuser le moindrement.
Five Nights at Freddy's fait bonne figure au rayon des pires films horrifiques de l'année, n'offrant ni plaisir ni sensation forte. Et dire qu'en cas de succès, une trilogie risque de voir le jour... Mélanger différents genres cinématographiques est un art et rares sont les productions - comme Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, LA création à voir pour l'Halloween - qui y arrivent.