Pet Sematary revient à la vie 30 ans exactement après un film qui a laissé bien peu de souvenirs impérissables.
Le succès considérable de It en 2017 (sa suite est attendue en septembre prochain) a ouvert un nouveau filon : les transpositions cinématographiques de romans de Stephen King. Il y en a eu plusieurs par le passé et la manne reste à venir. Peu importe si The Dark Tower a mordu la poussière, il y aura plein d'autres choses à adapter.
Souvent considéré comme un de ses livres les plus effrayants, une première version de Pet Sematary a vu le jour en 1989. Malgré un scénario signé King lui-même, le long métrage n'était guère convaincant et les cinéphiles rêvent toujours de découvrir la vision de George A. Romero, qui avait d'abord été pressenti derrière la caméra.
Il est toujours plus évident de refaire une oeuvre ratée et cette seconde variation l'a compris. À priori, on y retrouve le même canevas : une famille emménage à côté d'un cimetière d'animaux. Lorsqu'un chat ressuscite, plus rien ne sera comme avant...
Puis la trame narrative - signée Jeff Buhler, qui a offert récemment le décevant The Prodigy - s'amuse à travestir le livre, d'abord timidement puis royalement, jusqu'à une conclusion étonnante. Voilà la base du cinéma, cette liberté de mettre à sa main les autres arts afin de proposer quelque chose qui sort de l'ordinaire. Surtout si au passage, on multiplie les clins d'oeil aux classiques du célèbre romancier américain, et principalement à son chef-d'oeuvre Shining.
Cette façon de jouer avec les attentes du spectateur ne porte toutefois pas toujours ses fruits. La réalisation de Kevin Kölsch et Dennis Widmyer a beau soigner son ambiance et son atmosphère (on ne reconnaît pas trop le Québec qui fait office du Maine où se déroule l'histoire), la propension au grotesque finit par faire sourire lors de séquences tardives assez saugrenues. En fait, les véritables frissons sont rares. Ils sont remplacés par des sursauts faciles et gratuits, dotés d'effets spéciaux qui laissent à désirer.
Pourtant un semblant d'équilibre entre le psychologique et l'horrifique apparaît dans la première partie, qui traîne quelque peu en longueur. Les parents sont hantés par la mort, qui prend l'apparence du passé, de rêves et d'hallucinations. Ils n'osent pas aborder ce sujet tabou avec leurs enfants, se demandant ce qui se passe après. C'est là que se développe par l'entremise du destin un sentiment de culpabilité chez les personnages qui, incapables d'accepter le deuil, commettent l'irréparable. Une fine ligne entre la réalité et la folie qui aurait dû être davantage exploitée.
Dans les circonstances, les acteurs s'en tirent plutôt bien. Surtout la jeune Jeté Laurence qui donne froid dans le dos avec ses sourires malveillants et sa petite voix déstabilisante. Sa mère incarnée par Amy Seimetz amène la gravité nécessaire, alors que John Lithgow campe le parfait voisin. Il n'y a que Jason Clarke qui s'avère trop inégal en père dépassé par ce qui arrive. Dommage, car c'est lui le héros. Autant le comédien convainc dans des rôles bien secondaires (sa participation l'année dernière à First Man était exemplaire), autant il déçoit lorsque sa présence est requise plus longuement à l'écran. Faut-il revoir les horribles Serenity et The Aftermath pour se le rappeler.
Cette fausse note est symptomatique de ce divertissement malsain et efficace, qui est sans cesse plombé par des moments plus consternants ou des clichés aberrants. Meilleur que son prédécesseur, cette nouvelle mouture de Pet Sematary n'est pourtant qu'à moitié satisfaisante, trop accaparée à faire du neuf avec du vieux qu'à développer un script soutenu à la tension permanente. Mais ce sera sans doute suffisant pour faire patienter les amateurs de morts-vivants qui attendent avec une impatience démesurée la sortie de The Dead Don't Die de Jim Jarmusch, qui s'annonce tout simplement mémorable.