Les amateurs de films d'action effervescents, qui ne laissent que très peu de temps aux spectateurs pour reprendre leur souffle, seront certainement emballés par cette nouvelle proposition turbulente de Peter Berg. Dès les premières minutes et jusqu'à la fin du film, le cinéphile est traîné par les cheveux d'une zone de combat à l'autre, rapidement étourdi par la vigueur de chaque séquence.
Malgré l'intensité des scènes d'action et leur nombre effarant, la trame narrative reste évasive. On nous balance quelques termes protocolaires concernant des unités d'élite gouvernementales secrètes, mais on ne prend jamais le temps de nous expliquer le fond des choses. La raison d'être de ce groupe de commandement tactique appelé Overwatch, dont fait partie le personnage de Mark Wahlberg, est aussi confuse au début qu'elle l'est à la toute fin du film. Berg n'a pas accordé beaucoup de place au scénario de Lea Carpenter dans son film musclé. Le suspense et les combats priment sur l'histoire dans chacune des scènes.
L'intensité de la violence n'a pas été diminuée pour convenir à un plus large public, comme c'est le cas dans d'autres productions. Le sang coule à flots dans ce nouveau film de Peter Berg. Les grenades explosent aussi en permanence et les fusils de tout acabit déversent leurs munitions sur l'ennemi dans un vacarme assourdissant. Les scènes de combats en corps à corps sont filmées de façon convulsive, nerveuse, saccadée. L'effervescence est peut-être alors à son paroxysme, mais le public se retrouve souvent perdu au coeur de cette frénésie. Les mouvements spasmodiques de la caméra empêchent de voir clairement les sujets, ce qui fait qu'à un moment, on ne sait même plus si c'est le « gentil » qui gagne la bagarre ou son assaillant. Même chose pour les séquences d'action avec des armes à feu. Les balles arrivent de tous les côtés et on ne sait bientôt plus lesquels des personnages sont toujours vivants.
L'alliance entre Mark Wahlberg et Peter Berg ne date pas d'hier. Les deux hommes ont collaboré pour le film-catastrophe Deepwater Horizon et le suspense Patriots Day, qui avaient été accueillis avec enthousiasme par la critique. Wahlberg est ici légèrement moins convaincant que dans ses rôles précédents. Dans Mile 22, il incarne un homme antipathique, à l'intelligence supérieure à la moyenne et qui a un fort penchant pour la violence. Le public a bien du mal à s'attacher à ce protagoniste austère, qui a peu d'aptitudes sociales. On a tenté d'équilibrer le tout en introduisant un personnage féminin plus sensible à ses côtés (joué par Lauren Cohan), mais le mandat n'est qu'à moitié rempli.
Mile 22 renferme de nombreuses lacunes, mais possède tout de même une qualité essentielle : sa puissante véhémence. On se retrouve souvent au bout de notre siège à encourager les héros pour qu'ils accélèrent le pas et remplissent leur mission. Reste à savoir si vous préférez l'action au propos...